dimanche , 28 avril 2024
enfrit
Est-ce une victoire pour la stabilité, le respect de la Constitution, la démocratie ? La petite crise institutionnelle au sein de l’Assemblée nationale a connu un épilogue attendu. La fin n’a jamais été un secret pour la Plate-forme pour la Majorité Présidentielle : renverser le bureau permanent présidé par la MAPAR Christine Razanamahasoa et donner une seconde chance à leur candidat Jean Max Rakotomamonjy. C’est le moyen d’y parvenir qui continue de faire débat.

Rien n’est permanent chez les députés, Jean Max président

La deuxième tentative a été la bonne. Jean Max Rakotomamonjy est élu président de l’Assemblée nationale après qu’une alliance politique multilatérale, pratiquement tous azimuts, a mis en place une stratégie politico-légale à plusieurs étapes. La Haute Cour Constitutionnelle y a joué un grand rôle sans se mouiller vraiment sur le plan politique, car elle n’a jamais tranché de façon claire sur les questions qui fâchent et laissait une certaine liberté d’interprétation sur ses avis et décisions. Le vote d’un nouveau règlement intérieur de l’Assemblée nationale a ainsi entraîné la chute du Bureau permanent à qui la HCC donnait un sursis dont la durée était en elle-même sujette à interprétation.

« L’ancien bureau permanent était pareil à du néant, car il était basé sur le non-respect de l’article 117 de la Constitution, déclarait ainsi Jean Max Rakotomamonjy. L’Assemblée nationale répare cette irrégularité par la mise en place d’un nouveau bureau ». Le député issu du Leader Fanilo qui avait très mal négocié sa première candidature pour présider cette institution tient sa revanche. Ilrefuse catégoriquement l’allusion à toute forme de coup d’Etat institutionnel et affirme que tout le processus de remplacement du bureau permanent de l’Assemblée nationale se déroule selon la loi. « Si on voulait évoquer la déchéance, il y a 111 députés qui sont présents alors qu’il en faut 90, soit la majorité des deux tiers pour voter une destitution ou une déchéance. Ce nombre est largement dépassé ».

Quoi qu’il en soit, le président de l’Assemblée qui était en train de se faire élire – le comptage de voix n’entretenait aucun suspense, a affirmé que « la question de la destitution ne se pose pas puisque le bureau en place est nul et non avenu ». Et lui d’insister que « s’il fallait quand même respecter les conditions, c’est largement rempli par le nombre des députés présents ».

Désabusée, la présidente de l’Assemblée nationale sortante est partagée entre le déni de la réalité pour ne pas reconnaitre son remplaçant élu lors d’une séance qu’elle a boycottée et le constat de la trahison des députés de son parti. « Je suis le président de l’Assemblée Nationale (… ), je ne peux pas être complice de ce forcing », a déclaré Christine Razanamahasoa. Elle incarnait la ligne dure du MAPAR, ayant refusé de négocier ou de partager avec la PMP qui est qualifiée par la famille politique d’Andry Rajoelina comme étant le la coalition des vaincus. Elle ne tient pas rigueur aux « indépendants qui sont des électrons libres ».

Par contre, l’ancienne ministre de la Justice prône la fermeté sur ses collègues du MAPAR ayant passé dans l’autre camp. « Les députés élus dans un parti ou un groupe politique, selon l’article 72 de la Constitution ne peuvent changer de camp, c’est de la transhumance politique, ils violent la loi », a-t-elle tranché. Elle juge ces auteurs de trahison assez sévèrement : « ils se prostituent à gauche et à droite, excusez-moi de l’expression, il y aura des sanctions de cet acte et c’est leur destitution en tant que député ».

Le vent a définitivement tourné à l’Assemblée nationale. Le tandem MAPAR-GPS n’aura pas tenu le choc bien longtemps. Après la désillusion de la désignation du premier ministre, voilà que la plate-forme politique d’Andry Rajoelina perd un précieux acquis, le contrôle total de l’Assemblée nationale avec une domination sans partage sur le bureau permanent. C’était sans compter sur la ténacité de la Plate-forme favorable au nouveau président Hery Rajaonarimampianina qui a fait le ménage à Tsimbazaza avec l’aide indirecte de la HCC. A travers la PMP, le Hery Vaovao domine ainsi la chambre basse sans y avoir le moindre député. Le MAPAR endosse malgré lui le costume de l’opposant.

Les nouveaux membres du Bureau permanent de l’Assemblée nationale, à tendance PMP :

Président : Jean Max Rakotomamonjy

Vice-présidents : Hanitra Razafimanantsoa (Antananarivo), Hermann Razafindravelo (Toamasina), Helson Bresson Erafa (Toliara), Remi dit Jao Jean (Mahajanga), Freddy Mahazoasy (Antsiranana), Hary Andrianarivo (Fianarantsoa)

Questeurs : Siteny Randrianasoloniaiko (Questeur I), Adrien Vanovason (Questeur II), Guy Rivo Randrianarisoa (Questeur III)

Rapporteurs : Malement Liahosoa (Rapporteur Général) et Norbertine Rabetafika (Rapporteur Général)