mardi , 7 mai 2024
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La perspective d’une sanction contre le régime de facto à Madagascar se précise. Le commissaire européen, Louis Michel, co-président de l’Assemblée ACP-UE a évoqué la situation dramatique dans le pays. L’autorité de fait a minimisé l’importance des sanctions prises par l’Union Africaine pour la contraindre à revenir à l’application des accords signés entre les mouvances politiques, dont la Charte de Maputo. Une réprimande venant des 27 est toutefois à craindre.

Sanctions contre la HAT : la menace européenne à prendre au sérieux

L’Assemblée paritaire de l’Union européenne et des pays ACP a fait part de sa préoccupation sur la situation politique à Madagascar. Le commissaire européen Louis Michel a lancé un appel pour que l’autorité de fait dans le pays soit sanctionné si elle ne se conforme pas aux recommandations de la communauté internationale. « Le Conseil doit renforcer les sanctions européennes à l’encontre de ce pays et les aligner sur celles décidées par l’Union africaine» a-t-il déclaré. C’est le ministre Espagnol Miguel Angel Moratinos qui s’est engagé à porter cette proposition de sanctions aux Conseil des affaires étrangères prévu ce mois d’avril 2010.

Durant cette assemblée paritaire, Madagascar et le Niger ont été relégués au rang de simples observateurs en raison de l’absence d’ordre constitutionnel. Charles Milupi (Zambie), co-président ACP a souligné l’implication directe de l’Union africaine, de la CEDEAO et de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) dans les crises politiques dans ces deux pays. « Nous devons nous opposer de manière totale à toute prise de pouvoir non démocratique que ce soit par le biais de coups d’Etats ou de manipulations civiles des processus démocratiques », a-t-il déclaré.

Dans son message du 29 mars 2010 destiné aux citoyens malgaches, le président évincé Marc Ravalomanana a salué le ralliement de l’Europe à l’Union Africaine pour condamner les putschistes. « Le but, a-t-il dit, est d’avancer vers la réconciliation nationale et la mise en place des institutions de la transition dont le gouvernement d’union nationale qui sera en charge de préparer les élections ». Il dénonce le forcing de la HAT qui s’engage dans une voie unilatérale et qui prévoit d’organiser « une mascarade électorale ». Marc Ravalomanana espère que la France suivra l’Union Européenne pour mettre la pression sur l’autorité de fait à Madagascar.

Parmi les sanctions infligées par l’Union Africaine à l’endroit des personnalités de la HAT, il y a l’interdiction de voyager. La mouvance Rajoelina se réjouit à juste titre que la mesure n’est pas appliquée par l’ensemble de la communauté internationale. A preuve, quelques ministres de la HAT sont en déplacement à l’étranger. Ces voyages sont-ils officiels ? Le flou subsiste. L’autorité Rajoelina-Vital a trouvé la parade à un risque de désaveu : interdire officiellement tout voyage officiel à l’étranger aux frais de l’Etat malagasy.

Ainsi, une simple invitation à des événements officiels ne suffit pas, il faut que le pays ou l’organisme invitant paie la facture en signe d’engagement et de reconnaissance internationale. La HAT se réserve toutefois des voyages à titre d’exception au nom de l’intérêt national. Les sanctions de l’Union Européenne seront plus que des interdictions de voyager mais auront impact sur l’économie. Elles signifient un blocage prolongé des financements et l’arrêt définitif de certains projets.  Les autorités seront forcées de considérer le risque d’explosion sociale.