vendredi , 26 avril 2024
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Alors que l’Etat est proche de la banqueroute, des interrogations se sont levées à propos de l’origine des fonds « distribués » par Andry Rajeolina aux employés de la Sirama. Le montant est relativement peu important mais l’effet propagande de la mesure suscite le débat. Le ministre des Finances et du Budget a confirmé qu’il s’agit bel et bien d’avance du trésor.

Sirama : une avance du trésor avant la privatisation

Selon le ministre Hery Rajaonarimampianina, une convention a été signée entre le Trésor public et la Sirama, l’industrie de production sucrière. L’argent public destiné à payer les arriérés de salaires des employés des différents sites de cette entreprise étatique n’est en réalité qu’un emprunt. Le ministre des Finances et du Budget assure que la Sirama a les moyens de rembourser cette dette. « La location des sites de Namakia et de Nosy Be permet d’engranger 3,5 millions de dollars par an, explique-t-il. L’avance du trésor pourra être remboursé dès début 2010 ». En tout, l’Etat a avancé près de 4 milliards d’ariary pour la Sirama.

Andry Rajoelina a fait de la campagne de sauvetage de la Sirama une pré-campagne électorale. En tout cas, les critiques fusent sur cette « distribution d’argent » dans un contexte économique peu favorable. Le ministre des Finances tempère le débat. « Cet argent ne tombe pas du ciel, il provient du trésor public », s’est-il justifié. Il s’agit toutefois d’une décision politique qui profite à Andry Rajoelina qui, selon les mots de l’intéressé, apporte la solution et la lumière aux populations concernées. « Certains vont toucher 300 millions de Fmg, d’autres 150 millions ou 80 millions », a-t-il lancé à la grande joie de l’assistance.

Le paiement des salaires des employés de la Sirama, suspendu pendant plus de deux ans, marque la relance de l’industrie sucrière. Le ministre de l’Industrie et de l’Economie a réitéré à Nosy Be que le dossier d’appel d’offre est déjà en cours afin de confier la gestion de la société à une entreprise privée. Selon Fienena Richard, aucune décision n’a été prise à propos de l’orientation à prendre mais il n’y a que deux hypothèses : soit la vente, soit le contrat de location. « Si on met en location, on aura des rentrées d’argent périodiquement, explique-t-il. Si l’on vend, nous malgaches sommes très sensibles sur les questions foncières, par contre, l’Etat va gagner un pactole d’un coup ». Le paiement des arriérés de salaire permet par ailleurs à l’Etat de rendre la Sirama plus attractive aux yeux des investisseurs ou des repreneurs possibles.

Certains observateurs craignent que le régime de la transition se sert de la Sirama pour disposer de liquidités au cas où les aides internationales ne sont pas débloquées. La vente de la seule industrie sucrière de Madagascar va certainement renflouer la caisse de l’Etat et pourrait être d’un grand secours au cas où le gouvernement de transition est isolé par la communauté internationale. « Pour le budget 2010, le cadrage macroéconomique est fait… Nous devons atteindre la structure de l’Etat, on ne peut pas avancer sans la formation du gouvernement et répartir l’argent dans les portefeuilles », explique le ministre des Finances et du Budget. Selon, Hery Rajaonarimampianina, l’esquisse du budget que son équipe a élaboré est encore passible de modification.