vendredi , 26 avril 2024
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Les bombes artisanales ont cette particularité de faire beaucoup de bruits même quand elles n’explosent pas. Une petite charge a de quoi égratigner un mur et aurait pu en effet blesser une ou plusieurs personnes. La menace est-elle à la hauteur de ce que prétendent des forces de l’ordre totalement dépassées par les faits divers, les attaques et les vindictes populaires, mais qui veulent être les champions de la lutte contre un terrorisme factice.

Terrorisme ? Il faut arrêter de vendre de la peur

Une bombe même si elle est de fabrication artisanale est un engin explosif censé donner la mort et apporter la destruction. Au lendemain des prétendus attentats à Antananarivo qui n’ont visiblement terrorisé que les forces de l’ordre, de vrais attentats à la bombe ont eu lieu à Mogadiscio, la capitale de la Somalie. Selon les premières informations publiées par la police, deux fortes explosions apparemment venant de voitures piégées devant le théâtre national ont tué au moins neuf personnes.

Sans vouloir faire l’apologie du crime ni du terrorisme, ce qui s’est passé à Mogadiscio est ce que l’on appelle un attentat à la bombe. Que peut-on dire d’un sac trouvé avec un petit engin explosif qui n’a pas explosé ou d’une bombe artisanale qui a fait moins de dégâts qu’une grenade assourdissante. L’utilisation des mots « bombe » et « terrorisme » est légitime, mais il en fallait moins pour que le discours du chaos et de la peur tenu par les forces de l’ordre de l’Etat-major mixte opérationnel ne vienne semer la peur.

Est-ce du cinéma ? A qui profite le… film ? Les Tananariviens ne semblent pas accorder de l’importance aux bruits des petites bombes, qu’il s’agisse de l’explosion ou des commentaires des hommes en uniforme. A preuve, le centre culturel sis à Analakely qui aurait été visé était toujours aussi fréquenté, avec les attroupements d’adolescents sous les arcades. Insouciance ou inconscience ? En tout cas, il n’y a pas de sentiment de danger ni terreur.

Doit-on pour autant reprocher à l’Emmo un discours ultra sécuritaire ? Plus d’un voient dans ce tapage sur un faux terrorisme un moyen d’occulter le véritable problème d’insécurité dans le pays. En digne héritier du général Richard Ravalomanana, le colonel Florens Rakotomahanina y va de sa thèse et fait des allégations ouvertement politiques.

Selon le commandant de la CIRGN d’Antananarivo, il ne fallait pas faire sortir de prison les personnes qui ont été amnistiées. Il accuse sans détour ceux qui ont été incarcérés dans l’affaire des projets d’attentats à la bombe artisanale en 2009 et ont été remis en liberté en 2013. Une telle déclaration renforce la pression des forces de l’ordre acquises à la cause de la HAT de l’époque sur les autorités politiques et judiciaires à ne pas amnistier ou ne pas libérer les militaires incarcérés pour rébellion.

Selon la police, les « attentats à la bombe artisanaux » ont été revendiqués. Un mystérieux groupe d’activistes au nom de Front pour la souveraineté nationale. Ainsi, les cibles seraient les intérêts français, illustrés par un hôtel et un centre culturel à Analakely pour dénoncer l’emprise de la France sur la destinée de Madagascar.

Depuis 2009, les bombes artisanales ont toujours fait l’objet de supputations et de suspicion dans la sphère politique. Le super gendarme Richard Ravalomanana colonel à l’époque et général de division 4 ans plus tard a fait croire au pays qu’il y avait 3000 bombes aux mains de terroristes. La HAT accusait les partisans du président renversé.

Le camp du putschiste n’était pas non plus au dessus de tout soupçon. A plusieurs reprises, avant une réunion importante, un accord ou une signature dans la résolution de la crise, il y avait des présumés attentats contre Andry Rajoelina et qui était exploités pour donner à ce dernier un peu de légitimité.

Le pire est qu’à force d’en faire tout un film, on ne prend pas plus ce problème du terrorisme au sérieux. En tout cas, la France ne va probablement pas fermer son ambassade à Antananarivo contrairement à ce qu’avaient fait les Etats-Unis à la fin du ramadan en 2013.