lundi , 29 avril 2024
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C’est a priori incontournable. Des membres frondeurs du parti présidentiel seront vraisemblablement invités à quitter le navire, comme d’autres auparavant.

Tiako i Madagasikara : les origines de la mésentente

Le TIM (Tiako i Madagasikara) est uni derrière Marc Ravalomanana, le président de la République, fondateur de la formation politique en 2002. Seul le soutien à la personnalité du président semble réunir, aujourd’hui, les membres du parti majoritaire. Depuis quelques semaines le torchon brûle. Et l’instance dirigeante du parti a visiblement du mal à colmater la brèche.


De fait, la scission du TIM est actuellement plus que probable. Le mot scission n’est peut être pas le plus approprié mais ce qui est sûr est que des membres vont devoir s’en aller. La création d’un Comité pour la Redynamisation du TIM (CRT) et la décision dudit comité d’organiser unilatéralement, sans l’aval du bureau politique, un conseil national du parti a fait éclater au grand jour le malaise au sein du parti présidentiel. Le CRT est dirigé notamment par l’ancien ministre Jean Théodore Ranjivason et le Sénateur Joseph Yolland.


La divergence de point de vue au sein du TIM fait que le clash est irréversible. La vérité est que le TIM est, dès l’arrivée au pouvoir de Marc Ravalomanana, devenue une formation hétéroclite qui réunit des personnalités issues de tous bords.


«Tiko-boys»


Le noyau dur du parti est logiquement composé des anciens collaborateurs de Marc Ravalomanana à la direction de son empire agro-industriel, TIKO. Le TIM est en effet une formation politique créée à partir d’une association du même nom qui, lui-même, a été l’extension de l’association Tiako Iarivo mise en place par Marc Ravalomanana, en 1999, en vue de la conquête de la mairie d’Antananarivo. Le noyau dur qui semble bénéficier, plus que d’autres, de la confiance de Marc Ravalomanana est essentiellement issu du groupe TIKO. On peut citer, justement, le président national du parti, Razoarimihaja Solofonantenaina, et son prédécesseur Raharinaivo Andrianatoandro, le Sénateur Benjamin Ramamonjisoa, le président du TIM de la Région Analamanga, Patrick Ramiaramanana etc. On les appelle les «tiko-boys» pour spécifier leur appartenance ancienne à l’entreprise de Marc Ravalomanana.


Au dessus de la mêlée


Entre les «tiko-boys» et le reste du groupe, le courant ne passe plus vraiment. Un élu de la province de Toliara, qui était parmi les premiers à répondre à l’appel de Marc Ravalomanana, en 2001, est réaliste : il affirme que la logique veut que le fondateur du parti fasse en priorité confiance aux anciens de TIKO, ensuite aux autres membres du TIM et, enfin, aux différentes entités qui le soutiennent comme l’ancien comité de soutien KMMR. Une affirmation confirmée par le renouvellement de la confiance de Marc Ravalomanana au président national Razoarimihaja. Marc Ravalomanana se veut malgré tout être au dessus de la mêlée en tant que président de la République. Il a toutefois laissé le champ libre au bureau politique de régler le litige, tout en suggérant la tenue d’un congrès national.


Radiation


Outre cette confiance particulière aux «tiko-boys» et à l’attitude de ces derniers qui en découlent, l’autre origine de la mésentente au sein du parti présidentiel réside dans la personnalité même des initiateurs du CRT, l’aile frondeuse. Jean Théodore Ranjivason est un ancien membre du parti MFM, ancien parti prolétaire, connu pour sa spécialité en terme de manipulation de masse et de mouvement de foule. Le Sénateur Joseph Yolland est également connu pour sa verve et son tempérament fougueux dans sa région d’origine de Nosy-Be où il n’a plus vraiment la cote selon de nombreuses confidences. Les autres membres du CRT sont des déçus pour avoir été écarté, soit de l’instance influente du parti, soit tout simplement du pouvoir. Ranjivason a été écarté du ministère de la Fonction publique, Joseph Yolland risque de ne plus être reconduit au Sénat, et, un autre exemple, le jeune Didier Rakotoarisoa, également initiateur du CRT, a été écarté de la présidence de la République en 2003.   


L’issue du bras de fer est assez logique. En effet, au cours d’une rencontre, le 8 juillet, à Antananarivo, du bureau politique et des militants TIM issus des six arrondissements de la capitale, le président national du parti s’en est tenu à la discipline intérieure et à l’unité du parti. Les frondeurs pourraient, à moins de se conformer aux directives du parti, risquer la radiation. A l’image de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Jean Lahiniriko, écarté du parti en 2006. L’unité du parti, qui compte par ailleurs organiser son congrès national vers septembre, est à ce prix.