vendredi , 26 avril 2024
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Les opérateurs ayant un agrément dans le secteur du bois de rose seraient la plaque tournante d’une forme de blanchiment d’argent. Le SAMIFIN a découvert le réseau de financement qui alimente le trafic et les exportations illicites, justifiant le blocage de comptes bancaires des exportateurs concernés.

Trafic de bois de rose : le SAMIFIN pense avoir mis la main sur le réseau financier

Le bois de rose continue à monopoliser l’actualité. C’est au tour du SAMIFIN ou le Service de renseignement financier de faire des révélations. S’étant penché sur le secteur dans une période  allant de janvier 2008 au 10 octobre 2009, cet organe chargé de lutter contre la criminalité transnationale et d’assainir le secteur financier à Madagascar fait état de 32 milliards d’ariary passés dans le circuit de blanchiment.

Selon les explications du Directeur Juridique du SAMIFIN, « tout commence par un virement d’une somme importante sur le compte d’un exportateur qui a un agrément ou une autorisation d’exportation. Ensuite, on remarque la circulation d’argent sur le compte de personnes qui font des coupes de bois de rose ». Thierry Ravalomanda affirme que « les exportateurs paient les coupeurs ». Ce qui contredit la thèse de bois gisants qui sont ramassés par des paysans. L’exploitation illicite des forêts primaires dont certaines sont dans des réserves naturelles est préméditée pour alimenter une demande préexistante.

Les enquêtes du SAMIFIN n’avancent pas pour autant puisque la provenance originelle des fonds n’est pas encore connue. Le service précise toutefois que les exportateurs concernés par le blanchiment d’argent lié au trafic de bois de rose ont un compte à l’étranger et certains ont un domicile à Paris. « Ce sont des sociétés de droits malgaches mais avec la présence de ressortissants étrangers ». Elle serait juste des façades dans un mécanisme commercial frauduleux mais bien huilé.

Les infractions et délits constatés sont les fraudes douanières et exportations illégales. A la base, ces opérateurs économiques véreux sont suspectés de coupe illégale de bois précieux. Pour ce qui relève du SAMIFIN, on peut citer le non rapatriement de devise et la corruption. Des cas d’abus de pouvoir sont aussi évoqués dans la filière bois de rose.

Le SAMIFIN a été décrié par certains opérateurs apparemment en règle mais qui ont vu leur compte bancaire gelé. Le Directeur général, Jean Claude Razaranaina, justifie la mesure par la différence constatée entre les déclarations faites par les sociétés concernées avec la valeur des transactions et des comptes bancaires. A cette forte présomption de fraude s’ajoute le non rapatriement de devise qui est déjà une faute. Le SAMIFIN peut obtenir de la justice une ordonnance de blocage des comptes et rallonger le délai d’interdiction de toute opération bancaire de 02 à 08 jours. 14 opérateurs en ont fait l’objet dans le cadre des enquêtes sur la filière bois de rose.

Le blanchiment d’argent est encore plus flagrant à travers la non déclaration des bénéfices directement transférés à des comptes à l’étranger. Le circuit de l’argent sale des bois de rose ne se termine pas là. D’après le SAMIFIN, le fonds est réinjecté pour importer des produits de consommation destinés au marché malgache. Le gendarme du secteur financier est plus suspicieux que jamais. Le service cherche à prouver d’autres fraudes concernant ces activités commerciales après le blanchiment de l’argent, en particulier concernant les déclarations en douanes.