mercredi , 1 mai 2024
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Andry Rajoelina le prétendu défenseur de la démocratie en est devenu un prédateur. Il n’a pas pensé si bien dire avec son argument farfelu pour empêcher que les opposants viennent commémorer l’inauguration de la place interdite de la démocratie. « Y avait-il un mort pour que l’on y dépose des gerbes ». Ce 17 janvier 2012, le décès est bel et bien constaté : la démocratie est morte à Madagascar !

Un mort à Ambohijatovo : la démocratie

Mardi vers 11 heures, l’ancien président de la République Albert Zafy est venu à Ambohijatovo pour déposer des gerbes à l’occasion du troisième anniversaire de la place de la démocratie. Comme la dictature militaro-civile de la transition l’a interdite aux opposants, le gouvernement d’union nationale n’y fera rien. Le Pr zafy et sa mouvance ont obtenu l’autorisation du premier ministre Omer Beriziky. Ce qui n’a pas empêché les forces de répression de la HAT de sévir.

La place de la démocratie a été fermée. Elle a été bien gardée par le général Richard Ravalomanana et ses hommes. Le maître de la répression en toute légalité a négocié avec les opposants. Hors de question d’ouvrir la place de la démocratie, par contre, la gerbe peut être déposée devant le portail. La foule commençait à s’attrouper. « Sur la place du 13 mai », entendait-on dans les cris.

Avant que la marche ne se densifie, les hommes du général Richard Ravalomanana ont attaqué à coup de bombes lacrymogène. « Il y a eu attroupement interdit, ils ont gêné la circulation… il y a eu des jets de pierre » argumente le commandant de l’Emmo Reg.

Le Pr Zafy lui-même a été personnellement visé par les tirs de lacrymogène. Asphyxié, il a été conduit à sa voiture. Auparavant, le « père de la démocratie » a obtenu ce qu’il cherchait. Il est prouvé aujourd’hui qu’il n’y a pas de liberté d’expression ni de démocratie, a-t-il déclaré.

Pour lui, seul un départ d’Andry Rajoelina du pouvoir pourrait ramener la démocratie à Madagascar. Il a promis une rencontre prochaine avec la presse pour expliquer les dossiers sur les dérives de l’autorité de transition.

Malgré les intimidations et les avertissements des forces de répression de la HAT, la mouvance Zafy est allée à Ambohijatovo, au nom de la démocratie. « Que ces meneurs se mettent au premier plan pour nous affronter » avait lancé le général Richard Ravalomanana dans un ton habituellement provocateur.

« Nous y allons sans armes pour manifester de manière pacifique » avait lancé Lalatiana Ravololomanana. L’objectif a été de démontrer la détermination de l’opposition à s’exprimer malgré la répression de la HAT et de son armée.

Vive la démocratie ! La démocratie et morte !

Andry Rajoelina a qualifié la commémoration de l’anniversaire de la place de la démocratie comme étant un acte de déstabilisation. Il décrète officieusement que seule la date du 29 mars doit être commémorée. En tout cas, la place interdite d’Ambohijatovo a été bien gardée par l’armée au grand dam des opposants.

Trois ans après l’inauguration de la place de la démocratie, il n’y a effectivement pas de raison de fêter un tel anniversaire. La transition dictatoriale de l’autorité de fait a fait oublier le doux rêve d’une vraie démocratie.

Ce jour-là, le 17 janvier 2009, Andry Rajoelina alors maire d’Antananarivo a pu réunir ses partisans sans l’interdiction des autorités de l’époque. Au nom de la démocratie, il a demandé l’ouverture de la télévision nationale aux opposants, la réouverture de sa station Viva, l’autorisation de l’émission interdite Karajia de RDB.

« On cache la vérité au peuple, c’est pour cela que l’on a besoin de cette place de la démocratie », a-t-il déclaré. Il a promis que tous ceux qui ont des choses à dire peuvent parler sur cette place quasi sacrée. Etait-ce de la pure propagande ?

L’histoire retiendra que Andry Rajoelina a demandé à ses partisans « allons nous prendre la TVM, allons nous enlever la MBS »  et que 9 jours plus tard la prise de ces médias s’est terminée par des pillages et des incendies. Durant la transition, l’autorité de facto a continué à fermer des médias.

La HAT a monopolisé la télévision nationale pour la propagande d’image du faux couple présidentiel et d’un néo-parti qui a conquis le pouvoir après un coup d’Etat militaro-civil. Elle a emprisonné des journalistes et continue à faire des pressions sur les médias qui osent critiquer. Le 17 janvier devrait plutôt être un jour de deuil, celui de la démocratie.