samedi , 4 mai 2024
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Le véritable enjeu du référendum organisé de manière unilatérale par la HAT a animé la journée du 17 novembre 2010. Les autorités ont continué à faire campagne pour la participation des électeurs afin de légitimer la Constitution qui légalisera le pouvoir de Andry Rajoelina. La loi est changée sur un claquement de doigts pour rallonger les heures d’ouverture des bureaux de vote. Cette manipulation s’ajoute aux nombreuses anomalies constatées sur les listes électorales.

Un référendum manipulé pour augmenter le taux de participation

Très tôt le matin, vers 8 heures et demi, le chef de l’autorité de fait a voté pour donner l’exemple. Les médias de propagande de la HAT, les chaînes privées de Andry Rajoelina et l’audiovisuel public, ont suggéré que les électeurs faisaient la queue et qu’il y a un fort taux de participation en vue. Quand il s’agit du bureau de vote dans le quartier d’Ambatobe où habite le président de facto, la manipulation est un peu grossière.

Faire croire sur les antennes de la radio et de la télévision nationales que les bureaux de vote sont bondés de monde a-t-il incité les électeurs à voter à un référendum boycotté par les opposants à l’autorité de fait. Peut-être que oui mais ce n’était pas suffisant. La HAT et sa commission électorale ont multiplié les stratégies pour booster le taux de participation dans ce référendum où le Oui s’affronte au boycott.

La HAT a voulu innover en changeant quelques règles sur les élections, prétendant garantir un scrutin libre, transparent et démocratique. Les heures d’ouverture des bureaux de vote ont été avancées à 6 heures du matin jusqu’à 16 heures. Aucune ordonnance ne sera délivrée pour que seuls les électeurs inscrits votent afin d’éviter les fraudes. La HAT et la CENI ont changé leur fusil d’épaule. Une ordonnance a été prise dans la journée afin de rallonger les heures d’ouverture jusqu’à 18 heures.

Deux heures de plus pour rameuter les électeurs à voter tandis que la propagande pour la participation battait son plein dans les médias publics, voilà qui devrait faire passer le cap des 50% au taux de participation. Rien n’est moins sûr. En tout cas, la CENI y met du sien. Un responsable menace en direct à la télévision les présidents de bureau de vote qui fermerait à 16 heures. Une sanction exemplaire voire une peine de prison les attendent s’ils ne se conforment pas à la stratégie d’urgence.  « Selon l’ordonnance de 1962 sur l’urgence dans l’application de la loi, cette loi doit être exécutée tout de suite puisqu’elle a été diffusée par les médias », se justifie ce responsable.

La rallonge des heures d’ouverture devait aussi permettre aux électeurs écartés de la liste électorale de revenir au bureau de vote. Le matin, ils ont été par milliers à être refoulés car leur nom ne figure pas sur la liste. Or, la HAT avait supprimé le recours à une ordonnance du Tribunal. La CENI propose des solutions de facilité qui comportent dix fois plus de risque de fraudes. L’électeur non inscrit peut en effet voter en présentant avec sa carte d’identité, soit une ancienne carte électorale, soit un carnet du fokontany, soit un certificat de résidence.

La HAT et sa commission électorale se sont mêlés les pinceaux en organisant un premier scrutin brouillon. Boycotté par les opposants, le référendum n’aurait pas de valeur sans une participation massive. Si toutes manifestations pour une abstention ont été interdites et réprimées, les autorités de fait ont continué à faire campagne pour  la participation jusqu’aux dernières heures de l’ouverture des bureaux de vote.