lundi , 29 avril 2024
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A l’heure du bilan de l’opération des forces de l’ordre censée ramener la sécurité et la paix sociale à Antananarivo, les meurtres sordides du général Claude Ramananarivo et de sa famille anéantissent un résultat encourageant. L’armée se trouve-t-elle à nouveau face à ses démons, tant la thèse du règlement de compte plane sur l’affaire. L’ancien commandant de la gendarmerie a en effet pris ses responsabilités face à des évènements politiques auxquels l’armée y a mis son grain de sel.

Une armée qui fait la police et de la politique

Les hauts responsables des forces de l’ordre ont présenté avec une certaine satisfaction sans occulter les lacunes l’opération de sécurisation de la ville d’Antananarivo et de ses environs du 28 mars au 02 avril 2012. 1584 éléments issus de l’armée, de la gendarmerie et de la police nationale ont été déployés. Quelque 8000 contrôles ont été effectués.

Les forces de l’ordre ont enregistré 824 infractions dont une cinquantaine relevaient de l’ivresse sur la voie publique. 406 arrestations ont été réalisées. Si l’objectif affiché par le général Richard Ravalomanana, commandant de l’Emmo Reg, était de dissuader les malfaiteurs de croiser des militaires qui les prendront pour des ennemis, le bilan de l’opération est limité à 8 cambriolages et vols avortés.

A l’heure du bilan, le ministre de la Défense a reconnu une faille. « C’est la désynchronisation du système, il y a des gens qui ne prennent pas leur responsabilité », accuse le général Lucien Rakotoarimasy . Il dément toutefois la rumeur du désengagement de l’armée dans le maintien de l’ordre et les opérations de sécurisation.

Il y a-t-il un malaise au sein des forces de l’ordre. Une mutinerie revendicatrice des militaires, des policiers qui se muent en meurtriers et dernièrement un général de la gendarmerie qui est sauvagement assassiné, la question est légitime.

Une grande muette toujours rattrapée par la politique

L’affaire du triple meurtre de la famille du général Ramananarivo a créé une certaine tension. Les dessous politiques de ce crime sordide planent tant les assaillants semblaient chercher des documents plutôt que des objets de valeur.

Le général Claude Ramananarivo a été celui qui a dirigé les forces armées légales pour arrêter un groupe de militaires ayant comme projet d’abattre l’avion présidentiel en 2006. Les putschistes ont été arrêtés, condamnés et écroués à Tsiafahy,  à leur tête le général Andrianafidisoa. Considérés comme des prisonniers politiques, ils ont été libérés et réhabilités à leur grade par Andry Rajoelina après le coup d’Etat militaro-civil de 2009.

Avant l’éviction du président Ravalomanana, les hauts gradés de l’armée avaient donné un avertissement au chef de l’Etat et au maire d’Antananarivo qui était en train de le renverser de trouver une solution à la crise. « Sinon, ils prendraient leur responsabilité ». Parmi ces généraux figurait Claude Ramananarivo. L’éventualité d’un directoire militaire a vu le jour.

Quand le président Ravalomanana leur donnait la responsabilité de former le directoire militaire, les haut gradés l’ont décliné, sous la menace de l’escadron putschiste mené par un certain Commandnat Charles Randrianasoavina. Le général Ramananarivo était à l’Episcopat d’Antanimena lors du coup de force de l’armée pro-Rajoelina, en mars 2009. Il était l’un des 5 membres du directoire d’un jour.

Comme tous les généraux qui n’étaient pas ouvertement pro-TGV, Claude Ramananarivo a été envoyé à la retraite en décembre 2009. Aurait-il emporté certains secrets d’Etat dans sa tombe ? Pour avoir voulu faire des révélations, le Lieutnant Colonel Charles Randrianasoavina a eu plus de chance d’avoir été condamné à perpétuité tout en passant un congé maladie à l’étranger.