mercredi , 1 mai 2024
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Les hauts responsables de l’armée et des forces de l’ordre qui sont aux commandes depuis l’avènement de Andry Rajoelina à la tête de la transition soufflent le chaud et le froid à propos de la charte de la transition signée à Maputo. Ils réfutent de manière catégorique l’article 22.

Une même couleur politique pour l’armée ?

Ils ont menacé de le faire, ils l’on fait. Les commandements de l’armée malagasy unissent leur voix pour dénoncer la mise en place d’un Comité de réflexion sur la défense et la sécurité nationales (CRDSN). Annoncé dans la charte de la transition, cet organe n’exerce pas un commandement et se contente d’être consultatif. Il propose entre autres la manière de renforcer la cohésion et la discipline au sein des forces armées.

La grande famille des forces armées sous le commandement des sympathisants de la mouvance Rajoelina rejette cet article 22. Le motif évoqué concerne le fait que les huit membres du CRDSN sont désignés par les quatre mouvances, à raison de deux pour chacune.  « Cette désignation faites par les chefs de mouvances va à l’encontre de la résolution prise lors des assises nationales de l’armée prônant la dépolitisation ».

Pour dépolitiser une armée qui est aujourd’hui derrière celui qu’elle a porté au pouvoir en mars dernier, il faudra passer par une transition politique. La logique de la charte de la transition veut en effet que toutes les mouvances soient représentées au sein de l’organe chargé de bâtir une nouvelle armée républicaine.

Dans un communiqué conjoint, les responsables de l’armée « rejette ce qui pourrait être source de division » et encourage tout ce qui pourrait renforcer l’unité de l’armée. L’on peut en effet reprocher les actuels officiers aux commandes des armées d’avoir appuyé le mouvement populaire avec le petit coup de force décisif, mais il faut reconnaître qu’ils ont su préserver l’unité. La révolution des colonels risque de prendre fin si la transition inclusive et consensuelle est mise en place.

Les chefs des armées veulent toutefois protéger leurs arrières. Ils affichent leur position politique, martelant leur opposition à un retour au pays du président élu Marc Ravalomanana, insistant sur le maintien de Andry Rajoelina et de Monja Roindefo à leur fonction, respectivement de président de la transition et premier ministre du gouvernement de transition.

Le refus du CRSDN ne serait qu’un prétexte pour les leaders actuels de l’armée qui veulent ouvertement influencer l’issue des négociations politiques entre les quatre mouvances. Les commandements des forces armées accordent leur violon pour dire qu’ils défendent « les aspirations populaires ». « Une résolution qui lèse la population affecte l’armée », affirment le ministre de la Défense, le ministre de la Sécurité intérieure et les commandants des forces armées.