lundi , 13 mai 2024
enfrit
Le paysage politique actuel est flou. A beaucoup d'égards il n'y a pas d'opposition et pourtant elle est omniprésente dans les esprits.

Une opposition mal à l’aise

On n’ose pas encore se déclarer opposants. La totalité des 160 formations politiques existantes est à court d’idées. Une situation qui n’est pas pour arranger ni la démocratie, ni l’exercice en toute sérénité du pouvoir. Mox Ramandimbilahatra, porte parole de la Présidence, déplore cette carence. Le consensus corrompt la démocratie et dérègle un développement souhaité rapide.

Jusqu’à présent, seule l’UNDD, conduite par l’ancien Premier ministre Emmanuel Rakotovahiny se réclame de l’opposition. Rakotovahiny somme avant tout qu’on remette rapidement le peuple en confiance. Quant à l’AFFA du Pr. Albert Zafy, elle conduit un regroupement de mécontents et des supposés laissés pour compte. Ils n’ont ni programme, ni idéologie et beaucoup ne représentent que leur propre personne. Cette entité qui porte le nom ambigü de Comité pour la Réconciliation nationale ou CRN intrigue. Elle est née au moment où la France et l’OUA tentaient en vain d’imposer un processus de reconduction de Ratsiraka au pouvoir. Elle taxe le régime de discrimination et de chasse aux sorcières afin d’interrompre les arrestations des milices et de leurs mentors. Sous couvert de petits soins à l’égard des détenus des derniers évènements politiques, le CRN rameute le peuple et les organisations pour la défense des droits de l’homme.

L’ombre de Ratsiraka et le règne de la terreur vécue durant six mois de crise sont encore dans les esprits. Le mutisme de Zafy et les hésitations des « grands » proches de l’ancien régime lors des tentatives de partition de la nation sont plus que suspects. Tout cela pèse sur le CRN. Pour l’opinion, c’est un rassemblement de ceux qui titillent les cordes désormais amorphes des différences entre populations de Madagascar. Ces dernières sont séduites par le défi lancé par Marc Ravalomanana et le CRN ne trouve rien à redire ni aucune autre réplique d’autant que pour une fois, l’alternance réelle est en train de se concrétiser.

Les micros partis pour leur part ne sont pas moins actifs. Des activistes de tout bord sont aux aguets afin de frapper l’imagination du public et/ou espérer une considération de Ravalomanana. Ils sont dans l’administration, dans les syndicats et groupements professionnels.

Un mélange ou un bouillon non comestible

Quant aux autres formations qui ont appuyé d’autres candidats, leur comportement est inintelligible. Pourtant ce ne sont pas les arguments ni les opportunités de démarcation qui manquent. On notera cet « état d’exception » qui perdure. Etat d’exception non pas au sens juridique du terme mais au sens concret, à l’exemple de la mise en place des délégations spéciales jusque dans la gestion de la capitale. Autre exemple d’exception qui se discute, il faut l’avouer, est le maintien des sénateurs élus alors que leurs électeurs, les conseillers provinciaux, ont été démis de leur fonction. Les conseils provinciaux ont été abrogés alors que le Sénat est conservé. Enfin et surtout la place de la religion dans le microcosme rend mal aisé la compréhension du jeu politique.

La cohabitation dans les institutions entre AREMA « convertis » et TIM, le parti fort de l’heure, nourrit des incertitudes. Tout cela gène et rend difficile la naissance de partis d’opposition même si la démocratie l’exige. Des frémissements ou des prémices de cette opposition s’ébauchent autour du MONIMA qui a tenu vendredi dernier une conférence de presse. N’empêche que l’ombre du CRN, le fantôme de Ratsiraka et la référence au Secrétaire national de l’AREMA, Pierrot Rajaonarivelo, ou encore à Samuel Ralaidovy, ancien conseiller spécial de Ratsiraka ne rassurent guère.

Logiquement on ne peut attendre du RPSD, AVI, GRAD ILOAFO et MFM une réelle démarcation vis-à-vis du pouvoir. Ils sont liés à l’actuel régime. L’offensive du TIM dans toutes les parties de l’île aidant, on comprend un peu mieux la délicatesse de se mouvoir et les valses hésitations de l’opposition. Le souci de réconciliation entre autre, explique des comportements d’accomodement d’un côté ou d’indolence et d’activisme sournois de l’autre. D’où l’impression d’une cohabitation d’un pool organisé autour du TIM avec l’AREMA.