lundi , 6 mai 2024
enfrit
La quasi-absence du candidat Jean Louis Robinson de la télévision nationale tranchait avec le matraquage en faveur de son adversaire Hery Rajaonarimampianina, le candidat officiel du régime. Ce ne serait pas un excès de favoritisme ni un énième sabotage. Le Hery Vaovao d’Andry Rajoelina et le Ny Avana de la Mouvance Ravalomanana ont décidément une stratégie opposée pour occuper le terrain et les médias.

Campagne électorale – 2nd tour : le Hery Vaovao plus actif que le Ny Avana

Durant la première semaine de la campagne électorale pour le 2ème tour de la présidentielle de 2013, Hery Rajaonarimampianina a bénéficié des largesses du journal télévisé officiel pour véhiculer sa propagande. L’homme sans parti est à la fois un pion et une pièce maitresse de l’homme-parti-Etat Andry Rajoelina.

Pas toujours de programme ni de projet de société à partager, mais un lot de promesses électorales débitées à tout va en fonction de l’assistance. Il a sillonné les bas quartiers de la capitale durant plusieurs jours au point de susciter certaines interrogations.

Hery Rajaonarimampianina devait en effet tenter de conquérir une partie de l’électorat à Antananarivo. Si le triomphe de Jean Louis Robinson dans la capitale et dans la région Analamanga se renouvelle, ce sera un éloquent désaveu pour Andry Rajoelina.

Des indiscrétions ont fait état d’un retard sur le déblocage du fonds électoral du candidat du régime, l’empêchant d’entamer le périple à travers le pays. En tout cas, Hery Rajaonarimampianina dispose d’un hélicoptère que des « amis » lui ont donné sans que la douane ni autre autorité ne s’interposent.

La recette semble fonctionner pour le Hery Vaovao qui mise sur une montée de sa popularité. Lui qui cristallisait tous les maux de la Transition lorsqu’il était un ministre des Finances qui ne payait que ce qu’il voulait ou pouvait. Il en reste tout de même une fierté pour Hery Rajaonarimampianina : la création de 3000 postes budgétaires dans l’éducation nationale.

Il ne faut pas le critiquer sur les salaires, indemnités et les bourses d’études impayés, car il ne l’assume pas. A preuve, sa pique contre son adversaire lors du premier débat télévisé : « critiquer le bilan des autres n’est pas une qualité pour un futur président de la République ». Ne pas accepter d’être critiqué ne l’est pas forcément.

Le candidat Jean Louis Robinson a-t-il bien fait de laisser le champ libre à son adversaire sur la chaîne nationale. Il est vrai que le matraquage d’un seul candidat a provoqué un sentiment d’envahissement et de rejet chez certains citoyens. La première semaine a été consacrée à des meetings dans des localités des hautes terres centrales.

Le candidat du Ny Avana est allé là où son adversaire a amassé le plus de voix au premier tour, dans la région Haute Matsiatra. Il enchaîne à Analamanga et Itasy pour renforcer les acquis. La stratégie de la mouvance Ravalomanana semble d’aller là où le Hery Vaovao est passé, en commençant par l’Alaotra Mangoro.

Qu’en est-il des soutiens des candidats vaincus du 1er tour. Andry Rajoelina est loin des 55% théoriques dont il s’est vanté dans la presse française. A part Roland Ratsiraka qui revendique un rôle important dans le futur gouvernement en échange de son soutien à Rajaonarimampianina, il n’y a que des petits candidats ayant obtenu 2% et moins et de nombreux anciens grands partis aujourd’hui sans électorat.

Les additions des voix donnent avantage à Jean Louis Robinson. Ce qui conduit le clan Rajoelina à appliquer son inusable stratégie du « diviser pour régner ». Les partisans de Camille Vital sont incités à la révolte pour soutenir le Hery Vaovao, des proches de Hajo Andrianainarivelo s’affichent aux côtés du candidat de Rajoelina. Entre temps, la mouvance Ravalomanana a récupéré par décision de justice le parti Tiako i Madagasikara que des transfuges manipulés par la mouvance Rajoelina avaient détourné.