vendredi , 3 mai 2024
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La CENIT a-t-elle encore son mot à dire pour préserver l’équité des temps d’antenne des deux candidats du 2ème tour de la présidentielle de 2013. L’omniprésence de Hery Rajaonarimampianina en dehors ou non des journaux télévisés tranche avec une discrétion surprenante de son adversaire.

Campagne présidentielle : exubérance et discrétion chez les deux prétendants

Si on peut comprendre que « la ligne éditoriale » des chaînes nationales implique à réduire au minimum le passage de Jean Louis Robinson, la faible présence de ce dernier sur les plages horaires payants révèle un relatif manque de moyens face à ancien ministre des Finances et candidat de la transition qui ne compte pas l’argent dépensé dans une caricature de concours de popularité et de spectacles politico-artistique.

Changement et continuité, on ne s’y retrouve plus

Les arguments des candidats dans la campagne présidentielle nous ramèneraient en 2008, l’année où il y avait encore un pouvoir élu démocratiquement à Madagascar. C’est en effet le camp de Hery Rajaonarimampianina qui milite pour le changement après un mandat non reconnu de 4 ans du maire élu d’Antananarivo à la tête du pays. On s’achemine vers la continuité du pouvoir comme dans tous les pays où les putschistes tentent d’utiliser les moyens démocratiques pour s’y accrocher.

La mouvance Ravalomanana prône la continuité, celle d’un régime interrompu par un coup d’Etat militaro-civil en 2009. Le discours de Jean Louis Robinson est plus tourné vers le retour à l’ordre constitutionnel et à un plan de développement qui a fait ses preuves, à savoir le Madagascar Action Plan. Bref, il y a plus de chance de voir du changement qu’avec la prise de pouvoir par Andry Rajoelina virtuellement candidat à la présidentielle et aux législatives.


Soutiens affichés par le Hery Vaovao

Les nouveaux riches de la transition, les artistes et les amateurs de rugby roulent pour Andry Rajoelina et son poulain. Les meetings ressemblent à de grandes fêtes populaires qui rassemblent des milliers de spectateurs trop heureux de voir les stars de la chanson défiler sur scène. Hery Rajaonarimampianina ne fait pas dans la demi-mesure. Il affiche ses soutiens en les présentant sur la scène. Il y a évidemment le président de la transition qui a bénéficié d’un changement de la loi fondamentale par un simple décret pour pouvoir être présent dans les meetings et sur les affiches.

Le Hery vaovao n’a pu rassembler que les petits candidats du premier tour. Roland Ratsiraka a choisi son camp parce qu’il veut éviter le retour aux affaires du président en exil Marc Ravalomanana. Ce qui ne l’a pas empêché de vendre très cher son soutien à celui qu’il a accusé de faire l’objet de dossiers compromettants durant la campagne du 1er tour. Il ne les révélera pas. Le MTS exige des sièges au gouvernement, disputant ainsi la primature à Andry Rajoelina.

Hery Rajaonarimampianina mise sur le nombre de ses soutiens à défaut d’avoir mieux. S’il a perdu les appuis de Hajo Andrianainarivelo, Edgard Razafindravahy, Camille Vital et Saraha Georget Rabeharisoa, il peut compter sur ceux de Pierrot Rajaonarivelo, Voninahitsy Jean Eugène, Julien Razafimanazato, « Dadafara » Joseph Andriampionona, Patrick Raharimanana, Rakoto Jean Pierre…


Légère avance avant ballotage pour Jean Louis Robinson

En face, Jean Louis Robinson n’exploite pas outre mesure les soutiens, mais continue de se présenter comme étant celui à qui le président Marc Ravalomanana a donné sa confiance. Il peut compter sur Camille Vital, Saraha Georget, Fetison Andrianirina, Noelson William, Radavidson Andriamparany, Rajemison Rakotomaharo, Sylvain Rabetsaroana… Il bénéficie aussi de la caution des intellectuels.

Dans l’addition théorique des suffrages du 1er tour, Jean Louis Robinson préserve de justesse son avance. Le report des voix de Hajo Andrianainarivelo et d’Edgard Razafindravahy sera décisif. Ces 15% seront divisés. Hery Rajaonarimampianina peut-il compter sur des candidats qu’il a traités en tant qu’ennemi au 1er tour et qui sont fâchés avec Rajoelina et ses entourages. L’électorat de ces anciens hommes forts de la transition vient principalement des hautes terres centrales, là où la tendance est favorable à Jean Louis Robinson.