jeudi , 2 mai 2024
enfrit
Quelques villes de provinces continuent à subir les méfaits de la violence politique, au mépris des clauses du premier accord de Dakar.

Des provinces terrorisées

La terreur, encore et toujours. En attendant la mise sur pied du nouveau gouvernement, les partisans de Didier
Ratsiraka, ou plus précisément sa milice, reprend les actions violentes dans les villes de provinces, au mépris de l’accord
de Dakar.  » C’est à Antananarivo que les partisans de Ravalomanana se sentent le mieux en sécurité  » devait déclarer un
membre du comité de soutien au nouveau président, alors qu’il est de passage dans la capitale, Antananarivo, à la suite
d’une chasse à l’homme perpétrée par la milice de l’ancien président dans sa ville d’origine Majunga (Ouest). Là-bas, les
miliciens pro-Ratsiraka, équipés, selon une source locale, par des chefs militaires fidèles à l’ancien président, sèment la
terreur. Aux dernières nouvelles, le maire de la cité des fleurs, comme on appelle souvent ici Majunga, Claude Pagès,
lui-même favorable à Ravalomanana, était sur le point d’être attaqué par les miliciens. Sauf que les forces de l’ordre ont,
cette fois, décidé de se mobiliser. Le maire de la ville est sain et sauf. Ce qui n’est pas le cas pour des sympathisants de
Ravalomanana qui, de surcroît, sont originaires des hautes terres. Le mouvement ayant très vite pris une tournure
raciste. Les habitants de Majunga de souche Merina et Betsileo, principales ethnies des régions centrales de la Grande
Ile, furent la cible des miliciens. Ces derniers, dont des métisses comoriens, se considèrent comme étant les  »
propriétaires  » de la cité des fleurs.
Résultat : les principaux meneurs du mouvement en faveur de Ravalomanana ont décidé de  » s’exiler  » dans la capitale
malgache. En attendant une possibilité d’un retour en force.

Contre offensive

La partie nord de Madagascar est également touchée, depuis plusieurs semaines, par cette vague de violence.
Arrestation arbitraire, incendie de maison et assassinat ont conduit les dirigeants du comité de soutien à Ravalomanana à
fuir dans les forêts ou à rejoindre la capitale. Au cours du week-end, les originaires de la province d’Antsiranana (Nord),
avec le président de la délégation spéciale (PDS) nommé par Ravalomanana, et qui sera le premier responsable de la
province en remplacement des gouverneurs placés par Didier Ratsiraka, ont mis sur pied une  » cellule de crise « . Une
structure qui permettra d’étudier la prise du pouvoir par le président de la délégation spéciale. Ce qui, apprend-on, ne
devrait plus tarder, une fois le nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Jacques Sylla installé. La nouvelle
équipe devra s’atteler à l’installation des présidents de délégation spéciale pour freiner la violence. Mais les gouverneurs
Ratsirakistes s’accrochent. A part Antananarivo, en effet, seule la province de Fianarantsoa a pu, jusqu’à maintenant,
installer son président de délégation spéciale au prix du sang, il est vrai. Et avec un soutien sans faille d’une fraction
importante des forces de l’ordre.
Actuellement, les partisans de Marc Ravalomanana originaires des provinces, mais contraints de rester à Antananarivo
pour des raisons de sécurité, concoctent une contre offensive qui vise à installer, une bonne fois pour toute, les
présidents de délégation spéciale.  » Mais il faudra l’appui des forces de l’ordre  » précise Pierre Tsiranana, PDS de la
province de Majunga.