dimanche , 5 mai 2024
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Andry Rajoelina s’est tiré une balle dans les pieds en critiquant sa commission électorale. Le bouc émissaire est trouvé pour expliquer pourquoi la HAT n’arrive pas à organiser les élections alors que les 24 mois de mandat sont largement dépassés. Le premier ministre Vital affirme de son côté maitriser la situation dans la préparation des élections. La CENI est égratignée sur sa compétence et son indépendance.

La HAT pourra-t-elle organiser des élections en 2011 ?

Les avis des politiciens divergent, y compris dans le camp de l’autorité de fait, sur la faisabilité d’une élection libre, transparente et acceptée par tous en 2011. Andry Rjoelina lui-même a été le premier à tirer sur la CENI en marge de la cérémonie de réception des matériels roulant qu’il a « offert » aux forces armées, selon la formule consacrée. Il s’est montré sceptique en affirmant que des lacunes ont été constatées dans la confection de la liste électorale et l’opération carte d’identité, estimant que « l’on ne peut organiser les élections » dans ces conditions.

Les membres de gouvernement ont été dépêchés dans les régions pour découvrir l’avancée des préparatifs par la commission électorale. « On ne peut pas déterminer la date des élections tant que les préparatifs ne sont pas finis », se défend Andry Rajoelina. Il souligne que « personne ne va contester si les élections se déroule dans les règles du jeu ». Lors de son référendum le 17 novembre 2010, le chef de l’autorité lui-même avait ordonné à sa commission électorale de transgresser les règles et ne pas fermer les bureaux de vote à 16 heures pour que le taux de participation puisse augmenter.

« Nous allons concentrer l’effort du gouvernement vers la préparation des élections, on va le faire en peu de temps », annonce Andry Rajoelina. Son général de premier ministre s’exécute. « Le gouvernement continue à avancer, l’objectif c’est l’organisation des élections, les responsables sont en train de le faire en particulier la CENI », rapporte Camille Vital. Si son chef suprême ne se hasarde pas à avancer une date, le général se montre plus téméraire : « tout au moins, il devrait y avoir une élection cette année, je ne peux pas dire laquelle, cela dépend des préparatifs ».

Le chef de la HAT et celui de son gouvernement s’accordent sur le fait que la CENI est dépassée par la situation. Une telle entente ravive le soupçon selon lequel le gouvernement unilatéral veut maîtriser les préparatifs des élections. La descente des ministres dans les régions pour se pencher sur la confection de la liste électorale est considérée comme un acte politique. « Ce n’est pas de l’ingérence mais de la supervision, se justifie le premier ministre Vital. On essaie de voir quelles sont les lacunes, qu’est-ce qu’il faut améliorer ».

« Techniquement, il reste possible d’organiser une élection cette année 2011, cela ne doit pas dépasser fin novembre » affirme Bruno Rakotoarison, rapporteur général de la commission électorale de la HAT. Il relativise en soulignant que tout dépend encore de quelle élection il s’agit. Ni la CENI ni le gouvernement ne s’avance à dire que l’élection présidentielle est possible à organiser en 2011 ou non. La nouvelle loi électorale concoctée par la HAT est un autre paramètre inconnu. « L’essentiel c’est la gouvernance des élections » se rassure Bruno Rakotoarison.

Quid de la communauté internationale ? Pour Andry Rajoelina, la HAT va inviter la communauté internationale à observer les élections après le bon déroulement des préparatifs. Son ministre des Affaires étrangères est moins optimiste. « La CENI n’y arrive pas seule, il faut l’épauler en tant qu’institution », confie Yvette Sylla, sollicitant l’appui des partenaires internationaux. La France et les organisations internationales qu’elle peut influencer sont prêtes à aider à l’organisation des élections au plus vite, quitte à étouffer la crise politique sans la résoudre. Tantely Andrianarivo de la mouvance Ratsiraka estime qu’il faudra attendre le deuxième semestre 2010 pour que le pays soit prêt pour les élections.

Andry Rajoelina a beau promis un président élu le 26 juin 2011, il sera peut-être encore là pour le défilé de 2012 en tant que chef de l’autorité de fait. Le chef de la transition de facto s’est donné le droit de diriger le pays de manière illimitée par un petit référendum personnel. Même la feuille de route de la SADC n’a pas posé une limite dans le temps. Ce ne sera pas le premier régime transitoire devenu définitif en Afrique.