samedi , 4 mai 2024
enfrit
L’Accord politique de Maputo ne fait pas que des heureux. Au contraire. Sauf que les mécontents tentent pour le moment de contenir leur véritable sentiment.

Les déçus de l’Accord de Maputo

Les mouvances politiques cogitent actuellement sur la mise en œuvre de la nouvelle Transition préconisée par l’Accord politique de Maputo. Un Accord qui a malgré le succès retentissant suscité quelques déceptions, notamment dans les rangs des extrémistes des deux principales mouvances impliquées dans la crise de 2009.

Dans les heures qui ont suivi la signature de l’Accord, les partisans les plus zélés de Marc Ravalomanana étaient quelque peu sidérés d’apprendre que le président élu a renoncé à son poste. Il fallait attendre plus de précisions de la part des participants au Sommet de Maputo pour que la déception se dissipe peu à peu. 

Certains s’attendaient en effet à un retour immédiat du président réélu en 2006 mais il n’en fut rien. Les partisans de Ravalomanana savent pourtant, aujourd’hui, qu’ils peuvent sortir gagnant de l’Accord sur le long terme, étant donné que le principe d’une amnistie et d’une nouvelle participation de Marc Ravalomanana à la présidentielle anticipée est acquis.

De même, dans le camp Andry Rajoelina, l’Accord de Maputo a également fait des vagues. C’est a priori dans cette mouvance que les mécontents paraissent très nombreux. Sur les radios pro-Rajoelina, un grand nombre d’auditeurs qui interviennent directement sur les ondes par téléphone regrettent carrément la signature de l’Accord. 

Des sources concordantes font état par ailleurs de véritables malaises au sein du gouvernement. Des ministres ne souhaitent pas en effet quitter de sitôt leur poste. 

Le plus inquiétant est sans nul doute la position de l’armée. Dans le camp de Rajoelina, beaucoup s’inquiétaient déjà quand le ministre de la défense, le colonel Noël Rakotonandrasana, et le chef de l’état-major général de l’armée, le colonel André Ndriarijaona, n’ont pas assisté à la première réunion gouvernementale de l’après Maputo.

Des diplomates en poste à Antananarivo estiment aussi qu’il faudra maintenant suivre de près la position de l’armée qui risque de remettre en cause le processus. 

Nul n’ignore effectivement que Noël Rakotonandrasana et André Ndriarijaona font partie des premiers mutins qui ont instigué le coup d’Etat de mi-mars dernier dans la Grande Ile. Ils ont rejeté de manière catégorique l’éventualité d’un retour de Marc Ravalomanana à Madagascar. Un retour pourtant tout à fait possible sur le moyen ou sur le long terme grâce à l’Accord de Maputo.