vendredi , 3 mai 2024
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Le Conseil d’Etat suspend momentanément le décret de nomination du nouveau premier ministre de la HAT, Albert Camille Vital. Les trois autres mouvances politiques et le premier ministre de consensus Eugène Mangalaza gagnent un peu de temps pour ramener les autorités de fait à la charte de la transition consensuelle et inclusive. Andry Rajoelina continue à redessiner sa transition unilatérale.

Réorganisation de la HAT : la crise constitutionnelle persiste

Andry Rajoelina est à nouveau privé de premier ministre. Le recours introduit par Eugène Mangalaza, par le biais de ses avocats, auprès du Conseil d’Etat a eu l’effet escompté. Le décret de nomination du colonel Albert Camille Vital est suspendu. Cette mesure n’a rien de définitif puisqu’elle ne dure que le temps nécessaire à la juridiction de rendre un décision. Déjà rappelé à l’ordre par le ministère de la Justice de la HAT, le Conseil d’Etat pourrait se prononcer dans un petit délai de trois jours, soit dès jeudi 24 décembre. Les trois mouvances vont-elles réussir à couper l’élan de la HAT qui s’éloigne de plus en plus des accords de Maputo et d’Addis Abeba pour revenir au schéma initial de la transition issue du coup d’Etat militaro-civil. En tout cas, le premier ministre Mangalaza est toujours à la primature, à Mahazoarivo.

L’administration Rajoelina soigne les apparences afin d’estomper l’évidence d’une marche arrière, pis, un retour à la case de départ. La HAT ou Haute autorité de la transition est rebaptisée Haut Conseil de la transition. Pas d’amalgame donc sur la notion d’autorité. Alain Ramaroson et consorts deviennent des conseillers qui n’auront pas l’autorité d’un pouvoir exécutif. Une institution créée de toute pièce, la HAT ne désignerait plus que la présidence. Les membres qui siégeaient au palais de verre d’Anosy, composés des leaders politiques issus de la mouvance Rajoelina, sont intégrés d’office dans le Haut conseil de la transition.

Le parlement imaginé par Andry Rajoelina sera composé de ses amis de la HCT, d’une part, d’une assemblée nationale, d’autre part. L’élection législative prévue pour le 20 mars 2010 sera « monocolore » puisque les trois autres mouvances ont annoncé leur boycott. La communauté internationale a par ailleurs rappelé aux politiciens malgaches que toute élection organisée de manière unilatérale ne sera pas reconnue. Le colonel Albert Camille Vital a pour mission d’organiser ce scrutin. Le calcul politique et simple pour la mouvance Rajoelina. Ses alliés devraient gagner la majorité permettant de désigner le premier ministre.

Le principal enjeu pour les autorités de fait est de prouver au monde et aux malgaches que cette première élection de la transition sera libre, transparente et équitable. Pour ce faire, Andry Rajoelina met tous les partis politiques au défi et les invite à oser affronter les élections. Le manque de crédibilité de son gouvernement dont les caractères inclusifs et consensuel ne pouvaient être démontrés est un handicap pour le jeune TGV. La tentation du colonel Vital d’intégrer des militaires dans son équipe est loin de rassurer l’opinion.

La tergiversation de la HAT et son entreprise désespérée de donner une apparence légale à ses décisions n’arrangent pas la crise institutionnelle à Madagascar. La nomination du premier ministre Albert Vital rajoute une couche supplémentaire sur le flou qui plane dans la haute sphère du pouvoir. L’intéressé ne semble pas tenir compte de l’effet suspensif d’un recours à la chambre administrative. Le retour d’exil du premier ministre de consensus, Eugène Mangalaza a obligé la HAT à désigner un autre premier ministre pour occuper le terrain à Mahazoarivo. Le colonel Vital a fait une reconnaissance sans aller jusqu’à « prendre » le palais du premier ministre.