dimanche , 5 mai 2024
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Une mission militaire de la SADC à Antananarivo, il y a de quoi crisper l’autorité de facto et ses alliés. Les forces de l’ordre seraient-elles la clé de la crise politique au point que l'organisation régionale tente de les ramener à la neutralité.

SADC : une solution par les militaires mais sans armes ?

La nouvelle a été annoncée par le chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana : « une mission de la troïka de la SADC est attendue à Madagascar pour discuter avec les forces de l’ordre malgache ». Elle sera conduite par un général tanzanien.

Mamy Rakotoarivelo a justifié la présence de cette délégation en rapportant les propos du vice-ministre sud-africain chargé de la Coopération et des Relations internationales, selon lesquels les militaires malgaches doivent soutenir le processus de sortie de crise et non l’inverse ». Le contraire de ce soutien serait le parti pris affiché par les forces de l’ordre en faveur de la HAT.

Pour la présidence de la HAT, la mission militaire de la troïka accompagne une autre mission qui est ministérielle. Ambohitsorohitra essaie de relativiser tout en reconnaissant que les officiers supérieurs de la SADC vont rencontrer les commandements des forces malgaches. Leur mission serait de voir avec les parties malgaches les moyens de sécuriser l’application de la feuille de route en se penchant sur « le volet défense ».

Les politiciens et militaires pro-HAT ont toujours contesté toute implication des forces de la SADC dans la résolution de la crise malgache. A un certain moment, le retour au pays sous bonne escorte du président Ravalomanana avait été évoqué. La mouvance Ravalomanana a appelé à une intervention des forces de la SADC pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Quoiqu’il en soit, la venue de la délégation militaire à Antananarivo est perçue comme une démonstration de forces de la part de la SADC. L’organisation régionale veut se montrer plus persuasive dans l’application de sa feuille de route. Si elle arrive à convaincre les militaires malgaches de rester neutre, un blocage sera levé.

Seulement, cela signifie que les commandements seront changés. Or, Andry Rajoelina, persuadé de devoir son salut à la tête de l’Etat grâce à l’armée, a promis aux intéressés que tous les commandements seront maintenus à leur poste tant qu’il est à la tête de l’autorité.

La transition militaro-civile dirigée par le tandem Rajoelina-Vital est à l’image de la prise de pouvoir en 2009 par un coup d’Etat militaro-civil. Les hauts commandements militaires sont assurés par des officiers qui ont appuyé le maire d’Antananarivo qui essayait de prendre le pouvoir par la rue sans succès.

Ces forces de l’ordre à la solde de la HAT se sont opposées fortement à un retour au pays du président en exil qu’elles ont renversé en 2009. Prétextant l’exécution d’un mandat d’arrêt de la justice de la HAT, elles ont voulu envoyer un commando de dix membres pour procéder à l’arrestation Marc Ravalomanana en Afrique du sud. Les radicaux du régime de facto suggèrent que l’on refuse le visa aux officiers de la SADC au nom de la souveraineté nationale en réponse au fiasco du projet d’arrestation.