samedi , 27 avril 2024
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Après un retrait stratégique et un retour finalement pas définitif en France, Tantely Andrianarivo revient sur la scène et reparle de politique. Pressenti candidat à la prochaine élection présidentielle, l’ancien premier ministre de Didier Ratsiraka, orchestre un événement symbolique en l’honneur des familles de militaires tués lors de la crise 2002 pour parler de pardon et d’amnistie. Le dessein du parti Arema n’est pas pour autant clarifié.

Tantely Andrianarivo revient, une amnistie pour se relancer ?

De l’argent, beaucoup d’argent, c’est un peu tard pour qu’il s’agisse de l’enveloppe accompagnant les condoléances. Tantely Andrianarivo a remis à chacune des trois familles de militaires tués durant la crise de 2002 un chèque de 9 millions d’ariary. Une somme qui n’est pas donnée pour effacer les larmes lors d’un deuil mais pour effacer un certain déshonneur. Les trois militaires en question sont en effet tombés sous les balles d’autres militaires qui ont suivi à l’époque le nouveau président.

Convaincu d’avoir gagné au premier tour de l’élection présidentielle, Marc Ravalomanana a bénéficié de l’aide des militaires afin de déloger le président sortant. Le premier ministre de l’époque Tantely Andrianarivo était le seul à occuper symboliquement le pouvoir en restant au palais de la primature à Mahazoarivo. Lors de la prise de cette institution, il y a eu quelques coups de feu.

Huit ans plus tard, l’ancien premier ministre règle ses comptes et porte une accusation grave : le capitaine Andrianasolo Vola et l’adjudant chef Andriamanantena Jeanson aurait été désarmés puis abattus de sang froid. Le général Andrianome a été quant à lui blessé dans un affrontement entre militaires avant qu’un commando ne vienne l’achever sur son lit d’hôpital.

En son nom personnel, l’ancien premier ministre indemnise les familles de ces militaires attachés à la primature. Ce clin d’œil à l’un des nombreux épisodes sombres de la transition politique à Madagascar n’est pas sans intérêt politique. Tantely Andrianarivo dresse ainsi un cadre, un contexte pour son plaidoyer : obtenir l’amnistie. « Quel type d’amnistie, quel type d’arrangement, c’est une question politique », souligne-t-il. L’ancien premier ministre fait le plaidoyer pour que soient amnistiés au plus vite les personnes condamnées dans le cadre de la crise de 2002.

Il y a urgence car les élections, unilatérales ou pas, approchent. Tantely Andrianarivo affiche une intention de prendre le train en marche, s’écartant de plus en plus de la position de boycott de la mouvance Ratsiraka. Si Pierrot Rajaonarivelo, qui lui aussi a besoin d’une amnistie, peut se porter candidat au nom de son propre parti, le MDM, Tantely Andrianarivo n’est pas pour autant le candidat naturel de l’Arema en tant qu’héritier politique de l’Amiral rouge. Un parti Arema dont une aile désapprouvée par Didier Ratsiraka est devenue pro-HAT. 

Comme la conférence nationale des TGV et alliés ont décidé d’accorder l’amnistie aux condamnés de 2002, l’Arema est plutôt accommodant. Les jeunes cadres de ce parti sont prêts à participer aux législatives programmées par la HAT même s’ils constatent les irrégularités. Ils ne trouvent pas unilatérale une décision prise en conseil des ministres d’un gouvernement TGV.  Si le parti rouge ne devient pas allié des oranges, il devient un adversaire à abattre. L’amnistie peut alors être programmées après les élections. C’est ce que redoute l’Arema.