samedi , 4 mai 2024
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Un président de fait qui crie au coup d’Etat, ce n’est pas l’histoire de l’arroseur arrosé mais celle de la difficulté des mouvances politiques malgaches à s’entendre et à se comprendre. Andry Rajoelina dénonce une et tentative de coup d’Etat institutionnel lors de Maputo III. Les trois mouvances contestent mais insiste sur le partage du pouvoir.

Trois mouvances : diriger ensemble n’est pas un coup d’Etat

Dans le camp de la HAT, l’on s’obstine à croire que le partage du pouvoir accepté par Andry Rajoelina le voit seul et fort à la tête de l’Etat. Plus question à celui qui a été élu maire d’Antananarivo de céder des prérogatives aux autres mouvances dirigées par les présidents de la République. Lors de la rencontre de Maputo III, l’éclaircissement apporté au fonctionnement du conseil présidentiel, qui a été un peu flou dans l’acte d’Addis Abeba, provoque une nouvelle crise dans la crise. Les trois mouvances ont adopté une vision de la gestion collégiale de la transition qui est proche du communiqué conjoint accompagnant ledit acte le 07 novembre 2009. Les termes « co-président de la transition » y sont annoncés. Pau niveau de la HAT, on préfère extrapoler le conseil présidentiel en inventant une fonction inédite : « co-président du conseil présidentiel ».

Pour celui qui est considéré par ses adversaires comme un « putschiste », l’intégrer dans ce conseil présidentiel est un putsch. Fetison Andrianirina, co-président de la transition rectifie. « Il est totalement faux de dire qu’il y a un coup d’Etat, c’est la direction collégiale qui est la plus importante afin de préparer les élections », dit-il. L’ancien chef de délégation de la mouvance Ravalomanana tente de calmer le jeu et caresse les autorités de fait dans le sens du poil. C’est dans la finalité de la tenue des élections rapidement que « l’on a confirmé le statut de président de la transition de Andry Rajoelina », a-t-il expliqué. Il maintient toutefois que « toutes les décisions sont à prendre de commun accord avec les deux co-présidents de la transition ».

Selon Fetison Andrianirina, « la constitution rapide d’un gouvernement » est nécessaire. Les résolutions des trois mouvances à Maputo prévoient par ailleurs de mettre en place toutes les institutions politiques de la transition avant le 14 décembre 2009. Pour faire capoter ce Maputo III, la mouvance Rajoelina a une nouvelle fois intérêt à jouer la montre. Elle l’a déjà fait lors de Maputo I, bloquant les choses même après les 30 jours prévus pour la mise en place des institutions de la transition consensuelle et inclusive. Ainsi, la stratégie de bloquer les délégations des trois mouvances à Maputo est cruciale, quitte à risquer l’incident diplomatique en coupant l’espace aérien avec le voisin mozambicain.

Albert Zafy, le chef de file de mouvance qui est bloqué en Afrique, ne se laisse pas intimider : « Il faut que nous rentrions, on verra ce que fera monsieur Andry Rajoelina… il parle comme si tout Madagascar lui appartenait ». Selon le raisonnement de l’ancien président de la République, si Andry a été reconnu par les autres comme président de la transition, il devait accepter qu’il y a deux co-présidents de la transition. « Quels sont les critères qui les mettraient au-dessus des autres, son âge, ses diplômes… », ironise le professeur. Et d’ajouter : « C’est un mensonge de dire qu’il (Andry Rajoelina) est le seul à diriger, ils sont trois à décider ».  Le chef de file Didier Ratsiraka pense que les absents ont eu tort lors de ce Maputo III, tout en reconnaissant que la mouvance Rajoelina a été pas mal vernie dans la résolution. « S’il n’accepte pas, le peuple et l’histoire le jugeront », prévient l’Amiral.