dimanche , 5 mai 2024
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Andry Rajoelina est un homme de communication avec un charisme d’un futur homme d’Etat. Il l’a encore démontré en accaparant pratiquement toutes les chaînes de télévision à Antananarivo pour son émission spéciale. Le chef de la transition y a confirmé l’intention de la HAT d’organiser unilatéralement les élections dans un bref délai et menace de se tourner vers d’autres bailleurs de fonds.

Une transition courte mais contrôlée, le nouveau défi de Andry Rajoelina

Un vendredi soir en prime time, trois journalistes, cinq chaînes de télévision, de nombreuses stations radio, Andry Rajoelina a mis la main sur le pays le temps d’une soirée très médiatique. Ce n’est pas une déclaration à la nation mais de nombreuses déclarations d’intention politique qui marquent un changement de stratégie de la HAT. En somme, Andry Rajoelina veut une transition raccourcie mais toujours contrôlée de manière unilatérale.

Le jeune homme de 35 ans plie mais ne rompt pas sous la pression de la communauté internationale. Andry Rajoelina accepte d’organiser une élection dans un bref délai, c’est-à-dire avant la fin 2009, cela trois mois après que l’ambassadeur des Etats-Unis l’a suggéré. On va démontrer que nous n’avons pas l’intention de s’éterniser au pouvoir, dit-il non sans ambigüité. Il ne cède pas cependant beaucoup de terrain car l’épreuve des urnes sera une occasion de laisser le peuple confirmer à la tête de l’Etat celui qui a pris le pouvoir le 17 mars dernier.

Le président de la HAT peut avancer derrière cette volonté populaire qu’il revendique. Pour ce faire, il compte sur le plébiscite des assises régionales qui viennent d’avoir lieu et surtout de l’imminente conférence nationale pour enlever les obstacles devant lui. Le changement de constitution sera la clé de l’issue de la transition politique et du retour à l’ordre constitutionnel. Il déterminera qui peut se présenter ou non à l’élection présidentielle.

Andry Rajoelina a ainsi éclairé sa position sur la poursuite des négociations. Il dit ne pas être contre le fait de discuter sans que cela ne l’engage à accepter ce qui est décidé suite aux pourparlers. Le chef de la HAT ne jure que par la conférence nationale qui regroupera essentiellement sa mouvance si l’on se fie aux participants aux assises régionales.

La question de l’amnistie sera traitée lors de ce grand rendez-vous. Il n’en ressortira qu’un projet de loi. Andry Rajoelina refuse qu’on lui assigne le devoir ou le pouvoir de signer par ordonnance une amnistie. Il laisse cela à la future assemblée nationale dont les députés seront élus peu avant le président. Une amnistie sélective et adoptée sur le tard, voilà qui avantagera Andry Rajoelina dans la course à la présidence de la République.

Le jeune homme essaie d’éviter de se prononcer sur sa participation. Il se trouve néanmoins comme une personne jeune, dynamique et qui veut prendre ses responsabilités vis-à-vis de la nation. Andry Rajoelina se résigne à gagner la reconnaissance à court terme de la communauté internationale. Il rappelle l’exemple de la crise 2002 après laquelle le régime Ravalomanana a mis deux ans pour être rétabli dans le cercle des nations.

Au nom de la souveraineté nationale, le chef de l’autorité de la transition menace de tourner le dos aux partenaires techniques et financiers habituels. Andry Rajoelina affirme pouvoir trouver d’autres sources de financement. Il fait référence à des investisseurs moins regardants sur la question de la démocratie, en particulier les riches pays arabes. Fort de cette promesse d’appui du Moyen-Orient, il défie les UE, UA, SADC et fait le forcing pour une solution unilatérale par un processus électoral tout à fait contrôlé.