dimanche , 5 mai 2024
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La ministre de la Communication est naturellement le premier membre du gouvernement à briser le silence et condamner la brutalité policière perpétrée par des éléments des forces de l’ordre dans les locaux de Fréquence Plus. Nathalie Rabe veut se montrer solidaire avec les journalistes malgaches et dénonce une recrudescence inquiétante de la violence contre la presse.

Violence étatique contre les journalistes, le monde des médias se mobilise

La jeune ministre n’a pas fait dans la langue de bois et a dénoncé ouvertement les actes de violence en marge de l’arrestation d’un opposant politique dans le studio d’une station de radio privée. Elle a pris le soin de ne pas s’y engager personnellement. « Le ministère condamne la violence sur les journalistes et les techniciens, tout comme la destruction des matériels nécessaires aux journalistes pour faire leur travail, a-t-elle déclaré de manière solennelle.

Le ministère se soucie des droits des citoyens à l’information ». Nathalie Rabe veut être une militante contre cette violence à l’endroit des médias et mobilise les journalistes. La ministre a trouvé le moyen de faire passer le message à la profession en faisant de l’association des journalistes doyens un partenaire. « Ce sont vos +raiamandreny+ », souligne-t-elle, misant sur la neutralité de ces anciens dont quelques uns sont encore actifs.

Après une réunion d’urgence avec les directeurs de publication, ce lundi 17 mai 2010, la ministre veut réunir les associations de journalistes pour concevoir un moyen de lutter contre la violence à l’encontre des médias à Madagascar. Mademoiselle Rabe ne s’est pas adressée à l’ordre des Journalistes que la HAT considère comme inexistant. La surprise du jour a été l’intervention de Ruffin Rakotomaharo à la radio nationale en tant que président de cet ordre disparu.

A priori, il l’est toujours puisque le ministère n’a pas encore organisé l’élection d’un nouveau président. Le président Ruffin Rakotomaharo a donc officiellement condamné cet usage de la violence à l’encontre des journalistes. « Il y a eu de nombreux cas depuis le début de cette crise », a-t-il souligné. « Les journalistes ne font que mettre de l’engrais pour faire pousser la démocratie », continue le président de l’ordre « ressuscité ».

La Radio nationale profite de cette actualité pour revendiquer une neutralité dans le traitement des informations. « Les journalistes ne sont pas liées aux opinions des personnalités politiques qu’ils invitent », a ajouté Ruffin Rakotomaharo. Le directeur de la RNM, Johary Ravoajanahary, a le communiqué conjoint de plusieurs directeurs de publication et journalistes réunis à Anosy. La déclaration condamne la violence à la radio Fréquence plus contre un journaliste et des techniciens. Le communiqué comporte aussi des revendications. Les journalistes « demandent des explications claires de la part de ceux qui ont donné l’ordre, l’accélération des enquêtes, le respect des droits des journalistes et ceux des citoyens à être informés, la cessation de la violence et des menaces contre les journalistes ».

Un élan de solidarité est en train de se mettre en place dans une profession divisée par la ligne éditoriale des patrons de presse. La ministre de la Communication a par ailleurs encouragé les journalistes de s’en affranchir. « Soyez solidaires au-delà du fait que vous soyez un journaliste d’une telle mouvance politique », suggère Nathalie Rabe. Décidément mobilisée, la jeune ministre a donné un conseil particulier aux journalistes. « Si vous cherchez une neutralité parfaite (sic), demandez au médiateur de la République la mise en place d’une commission d’enquête indépendante ». Les responsables de Fréquence Plus ont décliné la proposition déclarant faire confiance à la justice.