vendredi , 20 septembre 2024
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Les avocats du Groupe Tiko contre-attaquent et dénoncent face à la presse malgache et internationale les « exactions et lés déprédations » du géant agroalimentaire par les nouvelles autorités. Ils montrent du doigt une machination politique contre la personne de Marc Ravalomanana et au détriment de tous les actionnaires.

Affaire Tiko : quand l’Etat se donne tous les droits

Les avocats mettent donc sur la place publique les exactions et les déprédations subies par le groupe Tiko. Selon Me Razafimananatsoa, le but final est de porter l’affaire devant la justice malgache et internationale. « Il y a des intérêts étrangers au sein du groupe Tiko, en particuliers suisses, nous portons plaintes et demandons dommage et intérêts pour les incendies et les pillages mais aussi sur ce que l’on continue de faire à l’entreprise », dit-elle. 

Le préjudice lié aux pillages et incendies durant la révolution orange, à la réquisition par la HAT, est estimé à environ 150 milliards d’ariary. Le gouvernement de transition continue à exploiter l’usine et les stocks de marchandise de Tiko sans rendre compte à l’entreprise. Cette nationalisation déguisée est considérée comme un vol par les avocats du groupe. 

Tiko, c’est l’entreprise emblématique qu’il fallait détruire durant le processus de coup d’Etat. Il fallait couper les vivres au président Ravalomanana et accessoirement au parti TIM. Après les pillages et les saccages, les « révolutionnaires » se sont ravisés. Tiko doit devenir la vache à lait d’un régime de transition obligé de fonctionner avec les seules recettes intérieures, faute d’aides budgétaires.
 
Sous forme de grand déballage, les sommes réclamées au groupe Tiko pour cause de dettes en matière fiscale et douanière frôle les 200 milliards d’ariary, le budget nécessaire à la HAT pour que cette dernière soit « à l’aise », selon les termes de son ministre des Finances et du Budget. C’est presque autant que les investissements qui ont été injectés dans ce qui a été le plus grand groupe industriel de Madagascar. Depuis, les marchandises, les usines, les matières premières et même les employés du Groupe Tiko sont réquisitionnés de force pour nourrir la transition. 

La grosse affaire est passée devant le tribunal. Une première décision a été rendue, celle de débloquer les comptes personnels de Marc Ravalomanana, le fondateur et de son épouse Lalao qui détient les rennes de l’entreprise Tiko a été logique. Au lieu d’une déconvenue, le ministère des Finances de la HAT y a vu une victoire, affirmant que le tribunal n’a fait que suivre le schéma planifié par le gouvernement de transition : débloquer les comptes en question pour que l’Etat puisse se servir en termes de paiement de dettes. 

Il n’y a pas qu’à la banque que les nouvelles autorités se servent. Les avocats de Tiko ont confirmé que le riz à 2500 ariary le kilo et l’huile à 2500 ariary le litre, utilisés par la HAT pour faire de la propagande sur fond de populisme, appartenaient bel et bien au groupe. Ils affirment que les pièces comptables en leur possession justifient que Tiko doit à l’Etat malagasy 25 milliards d’ariary. Un plan de paiement a déjà été établi depuis l’année dernière. 

Pour les défenseurs de Tiko, les 35000 tonnes de blés et 35000 tonnes de riz réquisitionnées par la HAT arrivent à couvrir largement les 25 milliards d’ariary de dettes. En clair, ils estiment que Tiko ne doit plus rien à l’Etat. Ce que la HAT essaie de faire, c’est de faire payer à l’entreprise toutes les avantages fiscaux qu’elle a obtenus depuis plusieurs années. Tiko a effectivement bénéficié des réductions d’impôts et de droits de douanes en vertu de la lutte contre l’inflation, en maintenant au plus bas les prix des PPN. La question devient politique puisque l’exonération est… légale.