vendredi , 26 avril 2024
enfrit
La mission de médiation de l'OUA a rendu publique sa proposition pour résoudre la crise politique malgache, tandis que sur le terrain, l'escalade de la violence est de plus en plus inquiétante.

Entre violence et négociation

Au moins trois morts, une dizaine de blessés ainsi que
d’importants dégâts matériels. Des magasins
saccagés et des voitures incendiées. C’est le bilan
provisoire des affrontements qui ont eu lieu dans la ville portuaire
de Toamasina, à l’est du pays, mardi, selon des sources
concordantes, alors que la mission de médiation de l’OUA vient
de rendre publique sa « proposition afin de résoudre
la crise politique malgache ».



Les partisans de Marc Ravalomanana à Toamasina, le fief
politique du président sortant Didier Ratsiraka, sont
descendus dans les rues de la ville dans le but d’influer sur la
position du gouverneur Lahady Samuel, farouche défenseur du
président sortant. Les manifestants souhaitaient la levée
du barrage établi par les partisans de Didier Ratsiraka sur la
route nationale reliant Antananarivo à Toamasina pour couper
l’approvisionnement de la capitale en carburants, mais qui asphyxie
l’économie des deux villes. D’autres sources affirment que les
partisans de Marc Ravalomanana allaient revendiquer le départ
du gouverneur dans le but de le remplacer par un nouveau gouverneur
favorable au nouveau président. Toujours est-il que la
manifestation a débouché sur des affrontements. Des
jeunes partisans de Didier Ratsiraka, regroupés au sein d’une
association dénommée « Zatovo »,
sont partis à l’assaut des manifestants. Des affrontements à
l’arme blanche étaient inévitables. Comme à
chaque crise politique, l’on a évoqué le tribalisme.
Les « mpiavy », les immigrés installés
à Toamasina mais originaires des autres régions de la
Grande Ile, se seraient regroupés pour faire face aux actes de
violences perpétrés par les « Zatovo »,
ceux-là mêmes responsables des barrages établis
sur la route nationale. Dernier bilan des affrontements : 10 morts
selon la radio nationale malgache, 5 morts d’après certaines
radios privées d’Antananarivo, tandis qu’une source
indépendante a confirmé la mort de 3 individus.


Le gouvernement de Marc Ravalomanana, qui, pour l’instant, ne
maîtrise pas la situation dans les cinq provinces de Madagascar
à part celle d’Antananarivo, n’a pas officiellement réagi
à cette escalade de violence. Le gouvernement de Didier
Ratsiraka est introuvable depuis plusieurs jours. Le gouverneur de la
province de Toamasina, lui, a instauré le couvre-feu pour
limiter les dégâts.


Référendum


Parallèlement à cet incident, la mission de
médiation de l’OUA a rendu publique une « proposition
pour résoudre la crise politique actuelle ». La
délégation dirigée par l’ancien président
du Cap-Vert Monteiro Macarenhas, a émis l’idée d’une
transition n’excédant pas six mois en vue d’organiser une
consultation électorale « neutre , républicaine
et juste ». Pour y arriver, il faudrait mettre sur pied un
« gouvernement de réconciliation nationale »,
mettre fin à la grève générale et aux
provocations, et lever tous les barrages établis sur les voies
publiques. Le processus pourrait sans doute aboutir à un
référendum qui confirmerait la prise du pouvoir par
Marc Ravalomanana. Seul moyen d’après l’OUA de légaliser
son autorité sur l’étendue du territoire.