Leonardo Simao est parti de Madagascar, sans avoir pu imposer sa feuille de route acclamée par la mouvance Rajoelina et consorts mais contestée par les trois autres mouvances. Les forces politiques concertées ont pu déjà proposer les amendements sans que le document ne soit rendu officiel. En résumé, Simao opte pour mettre plus d’élargissement avec une nuance importante : le maintien des institutions actuelles fait place à la recomposition.
Le chef de l’autorité de facto a comparé le pays à un bateau extensible où tout les politiciens peuvent et doivent embarquer pour le mener à bon port et finir une transition populiste et totalitaire avec une note de démocratie. Andry Rajoelina et le TGV étaient sur la bonne vague avec la version initiale de la feuille de route Simao. La deuxième version n’est que virtuelle car n’existant qu’à travers un communiqué laconique. Elle revient vers la logique de la communauté internationale qui est de ne pas reconnaître un processus issu d’un fait accompli ou unilatéral malgré l’utilisation d’un moyen apparemment démocratique.
« Le projet de feuille de route fait appel à la continuation du dialogue malgacho-malgacho », affirme Leonardo Simao. Le dialogue en question a capoté puisque les autres mouvances ne se sont pas laissés mener en bateau par l’ « amiral » Rajoelina et jouer les rôles de seconds dans une transition supposée consensuelle. Le médiateur de la SADC veut redresser la barre et remet en question l’ouverture contrôlée par la HAT. Il réclame la formation d’un gouvernement d’union nationale. Ce qui est différent d’un remaniement concocté par l’autorité de facto pour embarquer de nouveaux alliés espérant débaucher une nouvelle fois des personnalités issues des trois mouvances.
La nouvelle feuille de route vise aussi la recomposition des deux parlements. Là, ce sera plus difficile. Dans sa logique populiste où Andry Rajoelina est contraint de donner des sièges à ceux qui l’encensent, comment va-t-il se débarrasser de ces amis encombrants et grassement payés par l’Etat qui ont déjà annoncé leur intention de défendre leurs acquis. Une recomposition tend plus vers la logique des accords signés par l’auto-proclamé président Rajoelina en terre africaine. La question est de savoir si la transition considère les dernières représentativités démocratiques ou le rapport de force après le coup d’Etat en mars 2009.
Selon la feuille de route Simao, le gouvernement d’union nationale est le cœur de la transition. « Le président de la transition et le premier ministre doit rester neutre. L’Etat ne doit pas contracter des engagements sur le long terme ». Est-ce une volonté de freiner la HAT dans ses dérives, agissant comme si elle avait un mandat du peuple. D’ après Simao, ce gouvernement sera le responsable de la mise en place d’élections libres justes et transparentes avec l’appui de la Communauté internationale. Il demande aussi la recomposition de la commission électorale qui doit refléter les forces politiques. Finalement, le référendum du 17 novembre 2010 ne serait qu’un fait accompli parmi d’autres. Illégitime et non reconnu.