Dans le nouveau gouvernement dit de « réconciliation », tous les ministres de la souveraineté nationale sont maintenus. Il accueille 6 nouveaux ministres. Il s?agit du Général de Division Rabotoarison Charles Sylvain, ministre de l?Environnement, ancien commandant de la gendarmerie nationale du temps de l?Amiral Ratsiraka. Andriampanjava Jacob Félicien, Arema, ministre de la Population a pris la place de la Secrétaire d?Etat chargée de la condition féminine Rahelivololona. Maharavo Rodelys, ministre du Travail et des Lois sociales, membre du Grad Iloafo a remplacé Raondry Longin. Rakotonirainy Henri, ancien député élu à Fianarantsoa sous la couleur de l?Arema, et nommé Secrétaire d?Etat chargé de la promotion du Commerce extérieur
a pris la place Eric Beantanana. Alibay Jonhson Oneste s?occupe du ministère des Eaux et Forêts devenu un département à part entière. Et enfin, le ministre de l?économie et de Planification. Cinq membres de l?ancien gouvernement Sylla ont été limogés.
En outre, un département est supprimé, celui de la condition féminine. La privatisation est curieusement dissoute alors qu?elle s?attachait au ministère de l?Industrialisation et de l?Artisanat. On avance qu?elle sera attachée directement à la Primature.
Un ouf de soulagement du camp de Ravalomanana
Le Président Ravalomanana a été vivement critiqué ces derniers temps sur l?utilité de réconcilier avec « les ennemis du peuple » d?autant plus qu? aucune explication sur le pourquoi de cette décision de former un gouvernement de réconciliation n?a été donnée jusque là ni par lui-même ni par le Premier Ministre Sylla. Seulement « pour l?intérêt de la Nation » lit-on dans le décret. Les deux sont sortis indemnes de cette situation délicate, du moins vis-à-vis du peuple. Ce dernier s?attendait au pire. On supputait jusqu?aux dernières minutes que des membres fervents de l?Arema figureraient sur la liste tels que Pierrot Rajaonarivelo, Horace Constant… Des observateurs, surtout du camp du Président élu, se sont montrés satisfaits de ce gouvernement. « La réconciliation n?est pas forcément politique. De toutes façons, les voisins de l?Amiral y sont présentés, entre autres, Henri Rakotonirainy, Arema, le Général Ranjeva qui est un proche de lui, Alidina Edouard, déjà un membre du parti Arema ainsi que Andriampanjava Jacob Félicien. En outre, tous les partis y sont représentés. Mais la réconciliation est surtout ethnique. On ne réconcilie pas avec un parti politique mais avec tous les originaires de Madagascar qui se sont disputés ces derniers temps pour éviter la guerre tribale. De toutes manières, aucun accord n?a été signé à Dakar II. Le plan de sortie de crise constitue juste une proposition » se défendait d?avance un proche du Président élu.
Contestation de l?autre camp
Le camp de l?Amiral Ratsiraka a émis hier ses réactions à travers les stations privées de Tamatave. Il conteste et rejette ce nouveau gouvernement qu?il qualifie de boiteux. « Ravalomanana n?est pas prêt pour une réconciliation. Il n?a aucune bonne volonté de résoudre la crise actuelle comme il le dit souvent. Il ne pense qu?à lui-même. Un vrai gouvernement de réconciliation ne se forme pas en 2 jours. Aucune discussion entre les protagonistes n?a eu lieu pour la formation de ce gouvernement » commente un speaker de Canal 6. Les partisans de l?ancien Président Ratsiraka s?attendaient à ce que les ministres soient nommés d?un commun accord à raison de 50% par le camp Ravalomanana et l?autre moitié par l?Amiral comme proposait le plan de sortie de crise. « C?est un gouvernement de discordance » conclut-il.
La communauté internationale encore muette
Si la France par le biais de son Ministre des Affaires Etrangères applaudissait le geste du Président Ravalomanana de procéder à la formation de ce gouvernement de réconciliation, elle reste encore muette jusqu?ici. Il en est de même pour la communauté internationale en général. « Je crains fort qu?elle ne reconnaisse pas ce nouveau gouvernement » craignait un journaliste malgache. « On n ?est pas obligé de suivre à la lettre la proposition de l?OUA car chacun a sa manière de définir ce qu?est une réconciliation. Pour elle
peut-être, elle signifie la présence des anciens ministres de l?Amiral au sein du gouvernement. Mais pour le Président Ravalomanana et les malgaches, elle en est autre chose » commentait une auditrice participant à une émission d?une radio privée. D?ailleurs, le Président élu Ravalomanana reste optimiste quant à l?impact de la formation de ce gouvernement :
« d?ici peu, je crois que nos avoirs extérieurs seront libérés »