samedi , 26 avril 2025
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Même pas mal, c’est un peu la réaction du ministre des Affaires étrangères de la HAT à l’annonce prématurée de la décision de l’Union européenne à l’encontre de Madagascar. Fataliste ou déterminé, le vice-amiral d’escadre Hyppolite Ramaroson affirme que la sanction n’empêchera pas le régime en place d’avancer. Il brandit l’arme du financement parallèle pour résister aux pressions des bailleurs de fonds traditionnels attachés à des valeurs démocratiques.

La diplomatie de la HAT nargue l’Union Européenne

L’annonce par l’AFP de la décision de l’Union européenne de sanctionner Madagascar a été prématurée car il ne s’agissait en fait que d’une proposition des ambassadeurs. La vraie décision officielle est attendue lundi 07 juin 2010. Le ministre des affaires étrangères de la HAT a peut-être parlé trop vite au risque d’être taxé de provocateur. « Cette sanction devait déjà être officialisée en novembre (2009), c’est hier (jeudi) que cela a été fait, ça va aller », dit-il avec optimisme.

Hyppolite Ramaroson ne s’émeut pas d’une sanction qui privera Madagascar d’un financement conséquent. Il rappelle que l’Union Européenne va maintenir les aides humanitaires liées notamment à l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire. La suspension touchera l’aide budgétaire. « Pour le fonds nécessaire à la construction de routes, nous pouvons le trouver ailleurs », affirme le vice-amiral d’escadre. Selon lui, Madagascar ne doit pas mourir pour un seul bailleur de fonds, utilisant la métaphore d’un proverbe malgache. La HAT prive le pays d’un financement conséquent de 600 millions d’euros sur 4 ans dans le cadre du 10ème FED.

Le ministre des affaires étrangères de la HAT est persuadé que la suspension des financements du Fonds de développement européen ne va pas poser un problème à Madagascar. Le gouvernement Vital n’aurait même pas cherché à l’éviter, sachant que la sanction allait tomber en vertu de l’article 96 de l’accord de Cotonou.

L’union européenne constate le statu quo de la situation politique et l’intransigeance de l’autorité de fait qui refuse la mise en place d’une transition  inclusive et consensuelle. « Cela ne fait rien, rétorque le ministre Ramaroson, nous continuons à avancer ».

La HAT croit en effet que son unilatéralisme est désormais légitime depuis que Andry Rajoelina a annoncé sa non participation à la prochaine élection présidentielle, renonçant de facto à changer la constitution à sa mesure. Elle espérait même que cela ouvrira la porte à la reconnaissance internationale.

La feuille de route Rajoelina annonçant des élections toujours unilatérales n’a pas convaincu. Le chef de la diplomatie de la HAT profite de la présentation de la lettre de créances du nonce apostolique, ambassadeur du Vatican, pour revendiquer l’effectivité d’une reconnaissance internationale.

Roland Ratsiraka, un candidat potentiel à la course aux présidentielles désapprouve le côté fonceur de la diplomatie du régime Rajoelina. Pour ce vice-président de la HAT, il faut se conformer aux attentes de la communauté internationale et instaurer une transition inclusive et consensuelle à partir d’un accord politique. Le président du parti MTS mise sur le Dialogue national pour construire ce consensus avec la participation de toutes les forces vives de la notion.

Lanto Rakotomavo, présidente du TGV, le parti au pouvoir, souligne l’importance de la subsidiarité et l’influence de la position de la SADC et de l’UA sur la décision de l’UE. Elle estime que les européens devraient constater eux-mêmes l’évolution de la situation à Madagascar. Justement, rien a évolué. La HAT n’est pas reconnue contrairement à d’autres régimes putschistes en Afrique qui ont accepté une transition consensuelle et inclusive.