Certains, dorénavant, vont jusqu’à remettre en doute la laïcité de l’Etat, un principe consacré par la Constitution malgache. D’autres, par la forces des choses, ne croiraient plus en l’impartialité du conseil ½cuménique des églises chrétiennes de Madagascar, le FFKM, dont l’influence politique n’est point, il est vrai, à minimiser. L’on assiste, de fait, actuellement à un face-à-face entre, d’un côté, les hommes politiques, notamment ceux du KMMR, l’ancien comité de soutien à Marc Ravalomanana, et de l’autre, les ténors du FFKM, une entité qui réunit les catholiques, les protestants réformés, les luthériens et les anglicans. Blessés dans leur amour-propre, en outre, les hommes de presse se sentaient obligés d’intervenir dans la mêlée.
Tout avait commencé, en réalité, par une déclaration du FFKM qui, devant le contexte politique actuel, s’est senti dans l’obligation de taper sur la table, en interpellant des pratiques qui auraient tendance à conduire le pays vers une certaine « déstabilisation ». Le KMMR qui, ces derniers mois, s’est beaucoup investi dans les meetings politiques et les diatribes, a été en effet vivement interpellé par les chefs d’églises. La presse qui, dans le même temps, a souvent tendance à amplifier les joutes politiques, a été invitée à la vigilance et à renier la cupidité. Objectif de la déclaration : garantir la stabilité politique dans les prochaines années. Car les hommes politiques devraient, estiment les chefs d’église, attendre les prochaines échéances électorales pour briguer le pouvoir.
Sauf que les réactions à la déclaration du FFKM, en fonction de la sensibilité politique ou idéologique de tout un chacun, étaient plus ou moins inattendues. Le KMMR est monté au créneau, au cours d’une conférence de presse le 21 mai, et avait quelque peu fustigé les chefs d’églises, accusés à leur tour de « partialité ». La presse, elle, à en juger quelques réactions de journalistes, bien que d’une façon générale les points de vue divergent, redoute une tentative de contrôle de la diffusion des informations. Des réactions, pourtant, incomprises chez les rédacteurs de la déclaration qui estiment que le texte a été, à leurs yeux, mal interprété. Ceux-là dénotent, ainsi, une certaine disproportion entre la déclaration et les réactions qu’elle a suscitées.