samedi , 26 avril 2025
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Les âpres discussions entre les trois mouvances Ravalomanana, Ratsiraka et Rajoelina mènent le débat dans le cadre d’une solution politique à la crise malgache sur une voie s’écartant des accords de Maputo et de la charte de la transition. Cette perspective est faisable à condition qu’elle permette réellement de mettre fin au flottement institutionnel dans le pays.

Addis Abeba : la perspective d’une solution extra-Maputo

A Addis Abeba, les discussions en sont encore là où tout s’est bloqué lors de la rencontre de Maputo II. L’attribution des rôles clés dans l’exécutif de la transition divise inexorablement les mouvances. Dans la mêlée, Andry Rajoelina tente de transformer l’essai porté le 06 octobre dernier et s’accroche à son fauteuil de président de la transition. Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka lui contestent ce pouvoir obtenu dans un contexte de « coup d’Etat ». Après la TSAR ou Transition sans Andry Rajoelina, le TGV n’est plus entièrement indésirable à la tête de l’exécutif à condition qu’il partage le pouvoir.

Cette perspective sort évidemment du contexte de la charte de Maputo. Les schémas proposés  par les deux anciens présidents voient la multiplication des sièges à la tête de l’exécutif. Une présidence collégiale à trois, puis à quatre puisque le président Zafy est aussi appelé à y participer, une co-présidence avec les mouvances Rajoelina et Ravalomanana avec ou sans ces deux personnalités, deux vice-présidents avec l’entrée en lice d’un représentant de la mouvance Ravalomanana… les hypothèses ne manquent pas. Ce flux de propositions a fini par révolter Andry Rajoelina qui à un moment a quitté la salle. Même la mouvance Zafy s’est aussi montrée irritée.

Mais peut-on réellement modifier la charte de Maputo. Depuis que le délai de 30 jours à partir de la signature, le 09 août 2009, est dépassé, la charte n’est plus intouchable. Aucune institution prévue dans cette « constitution » de la transition consensuelle et inclusive n’est en place. La HAT est toujours là. La tergiversation de Andry Rajoelina à lâcher le premier ministre qui a pris le pouvoir pour lui en mars dernier a affaibli Maputo I. La ratification très tardive a redonné de l’importance à la charte, ainsi que la nomination du premier ministre Eugène Mangalaza. 

La modification de la charte de Maputo est aujourd’hui envisageable et faisable. Cet « amendement » ne se fera pas aussi facilement puisque la procédure risque d’être compliquée. La ratification par le gouvernement de fait et non reconnu reste un problème. L’essentiel est de sauvegarder l’esprit de la transition consensuelle et inclusive. La mouvance Andry Rajoelina, notamment les forces du changement, a toujours dénoncé la charte de Maputo. Le commandement militaire acquis à la cause du TGV a remis en cause le conseil militaire dont les membres seront désignés par les quatre mouvances.

La préservation de la charte de Maputo tel qu’elle est n’est plus une priorité absolue puisque ce texte fondamental ne s’est pas imposé et n’a pu être appliqué. Le silence radio de la Haute Cour Constitutionnelle, la seule institution démocratique restée en place laisse perplexe. Monja Roindefo avait-il raison d’insister pour s’accrocher à son fauteuil de premier ministre. La charte de Maputo qui justifie son limogeage risquerait de tomber à l’eau. Après sa défiance envers Andry Rajoelina, le schéma extra-Maputo pourrait le désavantager au profit de Manorohanta Cécile. La « fausse » premier ministre d’ouverture est de plus en plus plébiscitée pour diriger un gouvernement prétendu reconnu par une partie de la communauté internationale. Un échec d’Addis Abeba est déjà envisagé.