Les discussions à Addis Abeba seront fondées sur deux positions radicalement contradictoires. Andry Rajoelina revendique le statut de président de la transition « de fait » et prétend être supérieur dans les rapports de force. Ainsi, il veut accaparer tous les ministères de souveraineté et confier certains portefeuilles à des indépendants, affaiblissant de surcroît les autres mouvances qui n’auront que des miettes au sein de l’exécutif. Ce schéma sort bien entendu des premiers accords établis à Maputo.
« On a déjà fait des concessions, ce n’est plus à nous de le faire », insiste Andry Rajoelina. « Il y a un ministère de souveraineté que l’on ne va jamais lâcher, je ne dirai pas lequel, car cela pourrait compromettre la stabilité de ce régime de transition ». Andry Rajoelina prétend aussi avoir un droit de veto sur les ministres proposés par les autres mouvances, en tenant compte des critères qu’il a définis. « On veut des personnes ayant les mains propres, qui sont capables de travailler tout de suite et qui ne sont pas là pour semer les troubles », a lancé Andry Rajoelina. Visiblement, le TGV veut éviter la cohabitation dans le gouvernement, avançant l’efficacité comme prétexte.
Pour la mouvance Ravalomanana, l’important est de refuser l’idée que tout a été joué. « Il n’y a rien de décidé lors de l’évaluation faite par le Groupe international de contact le 06 octobre, affirme Mamy Rakotoarivelo. On repart à zéro pour ce qui est de la désignation du président, du vice-président et du premier ministre de la transition ». Fetison Andrianirina, se montre plus conciliant mais espère une issue à cette crise que l’on n’a pas souhaitée et qui divise les malgaches. « Toutes les mouvances ont leurs attentes mais on va essayer de trouver des solutions », a-t-il ajouté.
La mouvance Zafy est plutôt satisfaite de la configuration de la transition qui se profile. L’ancien président reconnaît que la situation actuelle est un peu perturbée car les différentes mouvances expriment leur divergence. « Si tout le monde suit ce qui a été convenu lors de Maputo I et II et lors de la rencontre du 06 octobre, cela peut se faire », espère-t-il. Le camp de Zafy est plutôt bien nanti dans la distribution des rôles entre les quatre mouvances, ayant gagné pour le moment la vice-présidence de la transition et la présidence du conseil national pour la réconciliation.
La mouvance Ratsiraka n’est pas mal pourvue non plus. Le premier ministre Eugène Mangalaza a accueilli Andry Rajoelina à Addis Abeba. C’est plus qu’un signe de reconnaissance, le tandem Mangalaza – Rajoelina doit encore se défendre. Selon madame Ramisandrazana qui avait été pressentie premier ministre de la mouvance Ratsiraka, il n’y a rien de définitif. « Notre position est nuancée » a-t-elle déclaré, affirmant que « le 06 octobre n’a été qu’un point de départ et qu’il ne faut pas qu’une mouvance soit laissée sur la route ». Elle concède que les négociations sont toujours ouvertes. « Si c’est acquis à 90% comme certains disent, ce n’est plus la peine d’y aller, c’est une perte d’argent ». Addis Abeba ne sera pas une simple formalité.