dimanche , 27 avril 2025
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Acculé entre des partisans encombrants et une communauté internationale réticente à suivre l’exception française, le président de l’autorité de fait est en train de se débarrasser des prérogatives qu’il a accaparées et des espoirs qu’il aurait pu susciter. Paradoxalement, cette défection est considérée comme un acte politique sage et courageux. La propagande de la HAT rassure l’opinion mais la situation reste toujours bloquée.

Andry Rajoelina : démission à petite dose mais sans réelle concession

Andry Rajoelina prend le train des « raiamandreny » en marche. Le TGV décide une nouvelle fois de lâcher le rôle de locomotive et monte dans le bon wagon pour ne pas à avoir à aller à Pretoria en privilégiant une solution malgacho-malgache. « Afin d’éviter la méfiance, laisson- les (raiamandreny qui sont des anciens issues de la société civile ou de retraités de la politique)diriger le dialogue national et peut-être aussi la conférence nationale qui ont été confiés à la société civile » a-t-il déclaré.

Après l’échec et la non reconnaissance de l’atelier du consensus élargi de la mouvance Rajoeina, la HAT ne veut plus organiser une réunion de manière unilatérale, étant boudée par les trois autres mouvances Zafy, Ravalomanana et Ratsiraka. Par ailleurs, Andry Rajoelina se débarrasse de son statut qui le rend égal aux trois anciens présidents élus démocratiquement.

 « Je ne suis plus chef de file de mouvance », dit-il. Le chef de l’autorité de fait rompt de cette manière les négociations sous l’égide de la communauté internationale dont les médiateurs exigent toujours el partage du pouvoir entre les autres mouvances et les autres sensibilités politiques. Il confirme son intention de ne plus revenir sur la table des négociations à Pretoria.

Ce pas en arrière signifie que les partis représentés dans la HAT doivent avancer en ordre dispersés. La décision de Andry Rajoelina est d’abord politique. Elle permet à son parti TGV de se débarrasser de ces encombrants alliés dont certains sont d’ailleurs devenus des adversaires déclarés aux prochaines élections. La notion de mouvance Rajoelina a donné  à ces formations opportunistes l’occasion de profiter de la transition pour goûter au pouvoir et se faire un nom.

La dissolution de la mouvance Rajoelina, qui a été faite de manière personnelle et unilatérale par le président de  la HAT, est censée être un « sacrifice patriotique ». « Cela veut dire qu’il y a la neutralité, revendique Andry Rajoelina. Je reste le Raimandreny et le président de tous les malgaches ». C’est donc en lâchant du pouvoir que le chef de l’autorité de fait espère être reconnus comme étant le chef présumé de l’Etat par l’ensemble de la population. 

L’élu maire d’Antananarivo adresse une pique à ses adversaires en louant la qualité des raiamandreny dont il revendique le statut. « Il existe encore des gens dignes et pleins de sagesse dans ce pays », clame-t-il. Andry Rajoelina veut devenir un sage et son entourage le lui rend bien. Au lendemain du retrait de la HAT dans l’organisation du dialogue national et de l’annonce de la dissolution de la mouvance Rajoelina, le premier ministre général ne peut que saluer. « C’est de la sagesse, c’est une prise de responsabilité pour sortir de la crise » a félicité Camille Vital.

Cette démission  progressive du chef de l’autorité a commencé par l’annonce de sa non candidature à l’élection présidentielle. Si Andry Rajoelina veut paraître comme un jeune sage qui ne s’accroche pas à l’arbre du pouvoir, il ne lâche pas autant de lests que cela. Le TGV ne renonce qu’à ce qu’il ne peut pas gagner ni avoir. Par contre, il garde bien ce qui est en sa possession. La formation du gouvernement Vital, la mise en place du Conseil consultatif constitutionnel et le maintien du calendrier électoral montrent que l’autorité de fait continue à gérer de manière unilatérale et exclusive la transition.