C’est l’embarras au sommet des autorités de la transition. Andry Rajoelina a fait part de son étonnement sur le document paru dans la presse et qui relate une demande d’avis de la HCC déposée par son premier ministre. « L’idée de démettre le premier ministre de ses fonctions ne m’est jamais passée par la tête, il n’y a pas de problème entre le chef du gouvernement et moi », a déclaré le président de la HAT.
Andry Rajoelina se demande pourquoi on s’étale sur le sujet. « Je n’ai pas de problème avec le premier ministre, demandez lui s’il a un problème avec moi », dit-il, feignant la plaisanterie. En tout cas, le président de la HCC n’a pas apprécié que le linge sale qui n’existe pas ait été lavé en public, se contentant de s’en étonner que de s’en offusquer.
Le parti Monima y met son grain de sel. Il associe le duo Rajoelina-Roindefo au mouvement populaire et affirme que l’entente doit être préservée. Cette formation politique défend ainsi son seul fait de gloire sur le plan politique, ne s’étant jamais illustrée dans les épreuves électorales. Elle fait campagne contre toute éventuelle résolution de consensus à Maputo et qui mettrait en cause l’actuel schéma de la transition.
La lettre
Monja Roindefo a adressé une lettre à Ambohidahy afin de savoir si le président de la HAT peut mettre fin aux fonctions du Premier ministre. Le flou juridique persiste puisque l’on ne sait pas si la HCC doit se référer aux dispositions constitutionnelles qui donnent au président de la République le pouvoir de révoquer le chef du gouvernement. La constitution de la IIIème République est-elle toujours valide ? L’avis de la HCC ne donne pas plus d’éclairage. Il est plus politique que technique.
« Il est nécessaire de maintenir le chef du gouvernement tant que la résolution de la Haute autorité de la transition (HAT) reste en vigueur », note la HCC. Dans cette résolution, le nom de Monja Roindefo est associé à celui du premier ministre. Les juges d’Ambohidahy prônent donc la continuité de l’Etat. Ils protègent politiquement Monja Roindefo au nom de la stabilité que le régime de transition peine à trouver.
Le parti Monima a justifié l’initiative de Monja Roindefo auprès de la HCC comme une réaction logique suite à la signature de la Convention d’Epinal par Norbert Lala Ratsirahonana. Le bruit a couru sur un éventuel changement de gouvernement. Certains observateurs ont évoqué une tension entre Roindefo et Rajoelina avant la lutte fratricide de la course aux présidentielles.
Le Monima attendra son congrès prévu mi-août pour annoncer si Roindefo sera encore candidat à la magistrature suprême. Il ne peut que faire mieux qu’en 2006 et son score historique de 0,001%, avec une quarantaine de voix dans tout le pays. Cet échec monumental a été présenté comme un désistement vu que le candidat n’a pas eu les moyens de disposer de bulletins de vote. Avec un statut de premier ministre et une éventuelle adoption du bulletin unique, Monja Roindefo peut légitimement entretenir ses ambitions.