L’incontournable personne ressource, le constitutionnaliste Honoré Rakotoarmanana ne sait plus où donner de la tête tant les propositions fusent sur les changements à apporter à la constitution. « Il faut recueillir les idées de chacun », dit-il. Selon l’ancien président de la Haute Cour Constitutionnelle, il ne s’agit pas forcément de tout réécrire, estimant qu’il est possible de reprendre des articles ou des idées qui ont figuré dans les précédentes lois fondamentales de Madagascar.
Pour le moment, la proposition dominante est celle d’un régime présidentiel fort. Les malgaches semblent s’y attacher. L’enjeu est, d’après le juriste Honoré Rakotomanana, de mettre en place des balises de ce pouvoir suprême. « Il y a des procédures prédéfinies quand le peuple veut un changement dans la gestion de l’Etat, on ne peut pas renverser un pouvoir n’importe comment », souligne-t-il. L’exemple de la première République est avancé, en particulier le mode de censure de l’exécutif en commençant par le gouvernement.
C’est le contexte qui veut que le débat sur la nouvelle constitution s’attarde sur le mode renversement d’un président de la République sans passer par un coup d’Etat. L’essentiel est selon les experts, de trouver un compromis pour que le texte final puisse durer dans le temps. Ils redoutent que la ferveur du militantisme ne l’emporte dans les débats. La résolution de ces conférences régionales risque de proposer une constitution susceptible de régénérer une autre crise politique dans le pays.
D’un côté, on veut un président avec un pouvoir quasi absolu. D’un autre côté, on propose un président dépourvu de pouvoir, se cantonnant à la signature d’ordonnance et à garantir la souveraineté nationale. Bref un président facile à renverser en cas de mécontentement populaire et qui n’a aucune autorité sur l’armée, cette dernière étant autonome. Par contre, le plébiscite pour Andry Rajoelina est de mise en rabaissant l’âge requis pour être président de la République à 35 ans. Du sur mesure, en fait.
Dans les régions des anciens Faritany, le débat sur la constitution est ouvertement politique. A Toamasina, région Atsinanana, on propose toujours les Etats fédérés. L’âge requis pour être candidat à la présidentielle est de 40 ans, ce qui suggère une mise à l’écart de Andry Rajoelina, actuel chef de la transition pour la prochaine présidentielle.
Marc Ravalomanana n’est pas épargné avec une amnistie partielle pour les faits avant décembre 2008. A Mahajanga, les 40 ans sont aussi réclamés avec la limitation du nombre de mandats à deux. L’annulation de l’immunité parlementaire est proposée.
Face à la forte proposition de maintenir l’âge du président de la République à 40 ans, les médias de propagande de la HAT font pression sur ceux qui étaient supposés être des sympathisants. On dénonce des velléités à empêcher Andry Rajoelina de se présenter à la prochaine élection en raison de son jeune âge. Au référendum, il sera alors question de dire Oui ou non au chef de la transition.