dimanche , 27 avril 2025
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Très vite, la vraie raison de la nomination de la mairesse par intérim d’Antananarivo à une autre « haute responsabilité » apparaît. Michèle Ratsivalaka laisse son fauteuil à un présidentiable qui n’a jusqu’ici eu que de petits rôles politiques. Le richissime Edgard Razafindravahy est enfin sous les feux du projecteur.

Edgard Razafindravahy : la mairie de la capitale comme rampe de lancement ?

Comme dans nombreux autres pays, être le premier magistrat de la capitale est un bon tremplin pour la magistrature suprême. La nomination d’Edgard Razafindravahy comme président de la délégation spéciale (PDS) de la ville d’Antananarivo répondrait à un objectif plus haut que des problèmes urgents comme l’organisation des marchés ou le ramassage des ordures.

C’est un homme riche mais discret. Ses premiers pas dans la politique n’ont rien à faire envier un politicien. Edgard Razafindravahy s’est jusque-là illustré en tant que chef de file de l’association Hetsik’Avaradrano qui a eu quelques succès intéressants lors des élections communales. L’homme a été lui-même président du conseil communal d’Ambohimalaza Miray.

On reprochait, sans doute à tort, à Edgard Razafindravahy d’avoir plus de moyens que d’ambition dans le domaine de la politique. Un temps annoncé comme présidentiable, l’homme a observé une retraite stratégique craignant d’être la cible de ses adversaires. Son implication dans le mouvement TGV a été tout aussi discrète à part peut-être le parti pris de l’une de ses radios qui relataient en direct les différentes étapes du coup d’Etat.

Edgard Razafindravahy est une solution de rechange intéressant pour le TGV au cas où Andry Rajoelina ne peut ou ne veut pas se présenter dans la course aux présidentielles. Si l’élection a lieu avant le changement de constitution pour adapter la loi fondamentale à l’âge du chef de l’autorité de transition, le nouvel homme fort d’Antananarivo est même un premier choix.

PDG du Groupe Prey, Edgard Razafindravahy est un autre exemple de succes story dans les affaires. Au début de la crise politique, l’annonce de la fermeture de son industrie de fabrication de farine, Kobama, a eu l’impact souhaité sur le plan politique, donnant un motif supplémentaire à un « coup d’Etat économique ».

Des médias appartenant à ce magnat de la presse, seule la radio Antsiva est allée au combat pour appuyer le mouvement populaire. Les chaînes audiovisuelles RTA, les quotidiens Express et Ao Raha, l’Hebdo de Madagascar, le magazine Mada Journal ont été en retrait, avec plus de neutralité par rapport aux événements.

Edgard Razafindravahy est un pur produit de la formation à la française. Ayant effectué la première partie de sa scolarité à l’ESCA à Antananarivo, il a eu son baccalauréat dans un lycée, privé s’il vous plait, de Bordeaux. Brillant étudiant, il a poursuivi des études en mathématiques et en physique à l’Université de Bordeaux.

C’est surtout son diplôme à l’ISSEC de Paris qui le conduira vers le monde des affaires. L’homme a obtenu pas moins de sept certifications en gestion. De retour au pays en 1986 pour se lancer dans les affaires, c’est en 1993 qu’il entre dans la cour des grands en devenant le jeune PDG du groupe Prey qu’il est encore jusqu’à aujourd’hui. En passant par la mairie d’Antananarivo, il pourrait tenter d’imiter le parcours d’un certain Marc Ravalomanana.