samedi , 26 avril 2025
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L’état des lieux à propos de l'application des accords entre les quatre mouvances signées à Maputo puis à Addis Abeba reflète l’enlisement de la crise politique et institutionnelle à Madagascar. Rien ne va dans les diverses institutions de la transition, à commencer par le gouvernement toujours accaparé par la mouvance Rajoelina.

Gouvernement : « les ministres de la défunte HAT devraient s’effacer »

Fetison Andrianirina a adressé une note à l’attention des membres de l’équipe conjointe de médiation internationale sur l’avancée des applications des accords de Maputo et d’Addis Abeba. « Les deux Coprésidents avec le Premier Ministre de consensus ont déjà proposé la formation partielle du Gouvernement d’Union Nationale, sur la base des consensus déjà acquis, sous réserve de l’abrogation des nominations des Ministres de la Haute Autorité de la Transition, rapporte-t-il. La mouvance Rajoelina s’y était opposée fermement ».

Lors de Maputo II, la formation sans délai d’un Gouvernement d’union nationale a été évoquée comme l’une des solutions pour mettre fin à la crise. D’après le co-président de la transition, ce gouvernement sera  « neutre », « consensuel », et « inclusif », respectant dans la lettre et dans l’esprit, aussi bien la Charte de la Transition signée à Maputo que l’Acte Additionnel d’Addis-Abeba qui l’a complété.

«  Pour asseoir rapidement la Transition qui nous permettra de passer aux élections, il serait du rôle collectif du Président de la Transition, des deux Coprésidents et du Premier Ministre de consensus de veiller à la formation immédiate du Gouvernement de consensus », plaide Fetison Andrianirina. Les mesures d’accompagnement pour appliquer ces accords politiques sont attendues dans ce Maputo III. 

« Malgré nos appels solennels à l’endroit du Président de la Transition, le Gouvernement d’Union Nationale n’a pu être mis en place suite à la tergiversation et aux exigences non fondées de la Mouvance Rajoelina, dans la mesure où celles-ci remettent en cause même les décisions déjà adoptées à Addis-Abeba », regrette le co-président de la transition.

« Depuis le 06 novembre 2009, date à laquelle l’Acte Additionnel a été adopté, ce Gouvernement de consensus, à former, est le seul mandaté donc habilité à gouverner. Ce qui exige, a fortiori, que tous les ministres de la défunte Haute Autorité de la Transition, s’effacent ipso facto ».  « Monsieur Andry Rajoelina va s’enferrer dans sa position unilatéraliste pour la conduite des affaires de la Transition », s’inquiète Fetison Andrianirina.

Le gouvernement d’union nationale conduite par le premier ministre de consensus, Eugène Mangalaza, doit faire face à la détermination des ministres de la HAT à s’accrocher à leur fauteuil. La politisation de l’administration revient en force. Une partie des syndicats des fonctionnaires a condamné la manipulation des agents de l’Etat qui s’expriment pour exiger le maintien d’un ministre. Selon les trois autres mouvances, la nomination de ces ministres issus du gouvernement illégal de la HAT est tout aussi illégale.

Le gouvernement Rajoelina, puisque l’actuelle équipe gouvernementale n’obéit pas au premier ministre Mangalaza, tente toujours d’obtenir une reconnaissance de fait par la communauté internationale. Ils sont envoyés pour représenter Madagascar dans les réunions internationales. Le président de la HAT se montre prudent sur ce terrain après sa déconvenue lors de l’Assemblée générale de l’ONU. La mouvance Rajoelina menace d’utiliser la force et l’arme juridique sous son contrôle pour sévir contre un gouvernement formé à Maputo par les trois autres mouvances. De nouvelles arrestations politiques sont à craindre.