Andry Rajoelina a promis une entière indépendance aux médias publics. La réalité, aujourd’hui, est bien différente. L’accès des partisans de Marc Ravalomanana à la radio nationale et à la télévision nationale est bien limité. Et le traitement des informations relatives aux manifestations des « légalistes » réprimées violemment par les militaires se limitent souvent aux mesures que les responsables de la sécurité publique prennent pour éviter le chaos dans la capitale.
Des journalistes se sont plaints d’être tout simplement « censurés » dans les médias publics. Reporters sans Frontière, alerté de la situation des médias dans la Grande Ile, a dénoncé cette « censure ». Le communiqué de Reporters sans Frontière spécifie notamment : « Tout en sanctionnant les appels à la haine ou à la violence, Andry Rajoelina doit garantir la libre expression des opinions et une couverture complète et neutre des manifestations. Nous sommes inquiets de la tournure que prennent les événements. L’instabilité politique et institutionnelle dans laquelle est plongé le pays ne saurait justifier le retour de la censure ».
Les médias pro-Ravalomanana sont pour leur part sous le choc. La télévision et la radio Mada ont été fermés officiellement tandis que des animateurs seraient menacés d’éventuelle arrestation.
De même, les manifestations à caractère politiques sont dorénavant interdites. Un pied-de-nez aux partisans de Marc Ravalomanana qui réclament quotidiennement sur la place publique et dans les rues le retour au pouvoir de ce chef d’Etat en exil malgré lui. Se sentant menacés sérieusement par la virulence des revendications, Andry Rajoelina et les autres membres du gouvernement de la Haute Autorité de la Transition ont choisi la manière forte pour mettre fin aux manifestations des partisans de Marc Ravalomanana. La répression est plutôt musclée et les bavures de plus en plus fréquentes. Le nombre des victimes ne cessent d’augmenter. Le 24 avril, une propriétaire de kiosque de livres a été tuée par une balle des militaires alors qu’elle était en train de fermer sa boutique à Ambohijatovo, dans le centre d’Antananarivo.
Pour éviter les affrontements devant la place de la démocratie, que Andry Rajoelina lui-même a créée quand il était maire de la capitale, les partisans de Marc Ravalomanana organisent des rassemblements ou des défilés à différents endroits de la ville. Ils sont généralement pourchassés par les forces de l’ordre, de plus en plus agressives.
D’une manière générale, c’est la liberté de réunion, d’opinion et d’expression qui est actuellement bafouée. Après son coup de force du 17 mars dernier pour accéder au pouvoir grâce à la pression, Andry Rajoelina a pourtant annoncé urbi et orbi que la liberté d’informer, dans les médias publics notamment, sera une réalité. Une centaine d’agents de la radio et de la télévision nationale ont choisi de rejoindre les manifestations des « légalistes » pour dénoncer la nouvelle pratique au niveau des médias publics.
Dans le même temps, les partisans de Marc Ravalomanana dénoncent, en raison des répressions violentes, un « Etat » policier. C’est bien la démocratie selon Andry Rajoelina.