La rencontre de Genève n’aura pas lieu. Tué dans l’œuf, le supposé rendez-vous décisif pour la résolution de la crise malgache a souffert d’une absence de consensus. Déjà, si l’on peine à trouver un compromis sur le lieu, qu’en sera-t-il du contenu des accords pour la mise en œuvre de la charte de la transition. Simple rencontre ou un nouveau rond de négociation, l’événement a été reporté en raison de l’intransigeance de Marc Ravalomanana. Le président évincé exige que la résolution de la crise et les négociations y afférentes se fassent en Afrique.
La mouvance Rajoelina et la HAT avaient exigé le contraire. Surtout pas en Afrique qui est un terrain favorable à Marc Ravalomanana. Ce dernier était pourtant disposé à accepter Berlin comme lieu de rendez-vous. Là encore, le terrain lui serait favorable vu son amitié avec le président allemand. Pour la mouvance Zafy, la meilleure place pour la résolution de la crise est Antananarivo. C’est la mouvance Rajoelina qui s’y oppose énergiquement refusant d’envisager le retour au pays des deux anciens présidents en exil. Andry Rajoelina montre pourtant des signes d’impatience. Il demande à ce que le refus d’honorer la prochaine convocation des chefs de file signifie une mise à l’écart de la mouvance de la gestion de la transition.
Sous le coup de l’énervement, Andry Rajoelina est à nouveau tenté de se passer du consensus. A la tête d’un pouvoir devenu ingérable, le jeune président de la HAT a vu sa crédibilité sérieusement écornée par son premier ministre. D’aucuns auraient aimé que le Conseil d’Etat déboute Monja Roindefo et entérine de facto la nomination d’un nouveau premier ministre en la personne de Eugène Mangalaza. La ministre de la Justice Christine Razanamahasoa est très mécontente, insinuant un dessous politique de la décision du Conseil d’Etat de donner un sursis à Monja Roindefo. Elle presse cette juridiction à prendre au plus vite une décision au risque de compromettre la liberté des magistrats.
Quand Andry Rajoelina devait encore partir pour Genève, il a confié le pouvoir non pas à l’un des deux premiers ministres mais au vice-premier ministre chargé de l’Intérieur. Madame Cécile Manorohanta aurait dû avoir entre ses mains les rennes du pays. Vu le report de la décision du Conseil confortant le pouvoir du premier ministre Roindefo pour encore au moins une semaine, le président de la HAT avait intérêt à ne pas quitter le pays ni laisser la voie libre à son adversaire et compagnon. En attendant le rencontre entre les chefs de file ou la décision du Conseil d’Etat, l’exécutif est toujours sous le contrôle du tandem Rajoelina – Roindefo, chacun ayant sa mini-mouvance au sein du gouvernement. Ni l’un ni l’autre n’a le contrôle de la situation.