On a sorti de prison des militaires pour incarcérer, par la suite, d’autres officiers. C’est dans ce contexte marqué par une profonde division que les militaires malgaches tenteront de laver leurs linges sales en famille. Les assises militaires qui se dérouleront au Centre de conférence internationale d’Ivato pendant deux jours constituent une occasion de se pencher sur l’unité de l’armée et sur le respect de la hiérarchie et de la discipline.
Un adjudant, arme à la main, qui demande à un vice-amiral de signer sa lettre de démission, un camp qui se mutine en faveur d’un mouvement politique, des officiers qui disent ne recevoir des ordres de personne. Telle est en effet l’image que la population civile retient de l’armée en général actuellement. Il est encore difficile, aujourd’hui, de cicatriser les plaies au sein de l’armée. Des généraux qui ont collaboré avec le président Marc Ravalomanana sont encore sous le coup d’un mandat d’arrêt, pour ne citer que l’ancien Directeur de la sécurité, Raoelina, et l’ancien Chef d’état-major, Rasolomahandry. Ces deux hommes avaient l’unique tort d’avoir travaillé avec le président peu avant le coup d’Etat de mi-mars. Ils étaient par la suite soupçonnés de soutenir le mouvement « légalistes » qui exige le retour au pouvoir de Marc Ravalomanana.
Les officiers et sous-officiers issus de l’armée et de la gendarmerie nationale qui vont participer aux assises militaires devront trouver les moyens de colmater la brèche. C’est là aussi un moyen pour la Haute Autorité de Transition de bénéficier d’un soutien d’une armée plus ou moins réunifiée. On sait pourtant que des officiers qui ont collaboré avec le Premier ministre des légalistes Manandafy Rakotonirina croupissent depuis fin avril en prison.
Le contexte n’est certainement pas favorable à une véritable réunification de l’armée. D’autant que la crise politique n’en est pas à sa fin. Des militaires en tenue civile, incognito, continuent de participer au rassemblement des partisans de Marc Ravalomanana. Ils sont néanmoins dépourvus des moyens matériels et organisationnels pour renverser le rapport des forces.
Ce sont les mutins qui ont participé au coup d’Etat de mi-mars qui dirigent actuellement l’armée. Ils sont issus notamment de la 11e promotion et de la 19e promotion de l’académie militaire d’Antsirabe. Le colonel Noël Rakotonandrasana, premier chef des mutins, a été promu ministre des Forces Armées, pour service rendu, tandis que le colonel Ndriarijaona, après une première auto-proclamation, a été nommé officiellement Chef d’état-major général de l’armée. Ils savent que pour défendre jusqu’au bout la Haute Autorité de Transition, on ne peut compter que sur la première poignée des mutins qui se sont regroupés au camp CAPSAT et que l’on retrouve actuellement, soit au ministère des Forces Armées, soit à l’état-major général de l’armée, soit à la tête du commandement de la gendarmerie nationale, soit au sein de la Commission nationale mixte d’Enquête (CNME).
Ce constat a conduit les dirigeants militaires à se focaliser sur l’unité de l’armée et sur la nécessité de se pencher sur le retour au respect de la discipline et de la hiérarchie, afin d’éviter éventuellement un CAPSAT bis.