« Il faut se limiter à ce qui est écrit et éviter que chaque mouvance fasse son interprétation des accord signés à Maputo ». Le camp de la HAT essaie d’imposer son point de vue sur l’issue des négociations dont il revendique un succès. Le symbole de cette victoire serait la non-amnistie pour le président élu Marc Ravalomanana.
Le flou juridique est immédiatement apparu dès le retour des délégations à Antananarivo. Fetison Andrianirina a fait part de la satisfaction de la mouvance Ravalomanana, affirmant que le président pourra revenir au pays en temps opportun et qu’il pourra participer librement à la prochaine élection présidentielle. Dans le camp de la HAT, on s’empresse d’éteindre le feu avant que cela ne devienne un incendie.
La mise au point de Ny Hasina Andriamanjato met en doute l’existence d’un accord sur le cas Ravalomanana. Ce dernier a été condamné jusqu’ici pour un dossier très politique concernant un fait datant de 2008, c’est-à-dire l’achat d’un avion pour la présidence de la République. Le ministre des Affaires Etrangères de la HAT insiste que d’autres dossiers sur des faits datant de 2009 pourraient rattraper le président.
Il s’agit notamment de la répression du coup d’Etat populaire, le 07 février 2009, quand le mouvement TGV a essayé de prendre de force le palais présidentiel. La lumière sur cette affaire est loin d’être faite concernant la responsabilité des leaders des assaillants et ceux qui ont défendu le plus haut symbole de l’institution. La provenance des tirs meurtriers restent à clarifier vu que seulement 18 projectiles ont été tirés du palais, selon un rapport officiel.
La plus grande victoire politique du mouvement visant à renverser le régime Ravalomanana a été d’avoir piégé la garde présidentielle qui n’a fait que son travail en défendant le palais présidentiel contre une foule d’assaillants. Un 10 août 1991 bis pour salir la réputation du président et obtenir une arme juridique à longue durée, le calcul politique n’a pas encore eu l’effet escompté. La signature d’un accord sur le cas Ravalomanana et les détenus politiques de 2009 pourrait remettre en cause un objectif qui a nécessité des sacrifices humains.
Faut-il amnistier la tuerie, il y a bien eu une tuerie, du 10 août 1991 et du 07 février 2009 ? Le souci aujourd’hui est de ne pas encourager l’impunité des dirigeants ou des forces de l’ordre chargée de défendre une institution. Ne risque-t-on pas d’encourager les leaders politiques à utiliser la foule comme bouclier humain afin de piéger les responsables étatiques et justifier un coup d’Etat.
Quoiqu’il en soit, la HAT et la mouvance Rajoelina brande le dossier du 07 février contre le président Ravalomanana. La HAT menace d’utiliser l’arme judiciaire pour dissuader le président évincé de revenir au pays, quel que soit l’accord politique conclu. Selon l’accord, Marc Ravalomanana devrait pouvoir rentrer quand ma situation politique est apaisée. « L’amnistie peut concerner des faits jugés mais aussi d’autres », prévient Ny Hasina Andriamanjato. Il affirme que la justice malgache est libre de suivre ou non l’accord de Maputo sur la cessation des poursuites contre Marc Ravalomanana et les membres de sa mouvance. Cela veut dire que les négociations continuent et le deuxième rendez-vous à Maputo devrait clarifier les choses.