Entre ce que la Libye pourrait offrir à Madagascar et ce que les Etats-Unis ont déjà donné, il y a un fossé. Et pourtant, Andry Rajoelina et la HAT en mal de reconnaissance internationale semblent préférer la Lybie. Le choix ne s’offre pas vraiment à celui qui s’est accaparé le pouvoir de manière inconstitutionnelle. Mouammar El Kadhafi paraît incontournable puisque la position de la communauté internationale s’est en grande partie basée sur la condamnation de l’Union Africaine.
Convaincre Kadhafi, ensuite le reste suivra naturellement. La stratégie est simpliste et à risque. Le Guide Kadhafi, c’est avant tout la Libye avant d’être l’Union Africaine. Andry Rajoleina a affirmé avoir gagné la reconnaissance de fait à Tripoli en ayant été invité puis écouté. Il jubile déjà avant même que l’Union Africaine ne fasse un communiqué officiel pour revenir sur sa condamnation d’un coup d’Etat qui pourrait aujourd’hui être effacé par des documents juridiques que le président de la HAT essaie de présenter tout à fait hors contexte.
Andry Rajoelina est revenu fier et satisfait de son voyage en Libye, le premier à l’étranger depuis qu’il a pris le pouvoir le 17 mars 2009, aidée par des mutins. Il a affirmé la « reconnaissance » de fait par Mouammar El Kadhafi qui est aussi le président en exercice de l’Union Africaine. Celui qui est reconnu comme l’autoproclamé président de l’autorité de la transition compte sur le soutien du Guide libyen pour faire revenir l’ordre constitutionnel dans le pays.
Ce serait un pied de nez aux américains dont l’ambassadeur s’est fait sévèrement réprimander après que celui-ci ait insisté sur la nécessité de sortir au plus vite d’une situation extraconstitutionnelle et organiser en 2009 une élection présidentielle. Madagascar y aurait autant à gagner qu’à perdre avait prédit le diplomate, évoquant la probable suspension de fonds d’aide et de financement.
Les légalistes et les partisans de Marc Ravalomanana ont compris cette tension entre la HAT et les Etats-Unis. La position de Niels Marquardt pour une élection présidentielle en 2009 correspond d’ailleurs à leur revendication. Des drapeaux américains ont été vus à Ambohijatovo avant que la place de la démocratie n’ait été fermée aux manifestants par les autorités de la transition.
Monja Roindefo, premier ministre de la transition a condamné fermement « l’ingérence » de l’ambassadeur affirmant qu’il peut dialoguer avec les Etats-Unis sans passer par leur représentant à Madagascar. S’attaquer à Niels Marquadt n’est pas s’attaquer à l’Amérique, c’est ce qu’on appelle une erreur de jeunesse. « Cela fait trois mois que vous avez menacé de partir, vous êtes toujours là », avec de tel propos tenus par un haut responsable d’un gouvernement qui plus est considéré comme illégal, on ne s’étonne plus que les sanctions tombent.