Ne peut pas revenir au pays qui veut, comme bon lui semble. « Le droit de venir à Madagascar est un droit absolu à tous les citoyens malgaches mais il y a des cas particuliers » a déclaré le premier ministre de la transition. Il fait allusion à l’exilé politique Pierrot Rajaonarivelo en prenant soin de na pas prononcer le nom de celui-ci. Monja Roindefo hausse le ton : « la transition ne veut pas dire déliquescence de l’Etat ni celle de la puissance publique». Il estime qu’ignorer certaines circonstances en faisant comme si de rien n’était pourrait amener des troubles.
Pour le premier ministre Roindefo, les exilés politiques doivent être conscients du statut particulier qui limite leur droit. « Il y a des mesures qui découlent automatiquement du fait qu’un individu a un statut donné », explique-t-il tout on entretenant le mystère sur ce qui attend l’ancien Vice-premier ministre si celui-ci revient au pays. « L’Etat n’a pas à dire qui peut entrer au pays, qui ne le peut pas, il prend juste les mesures appropriées à chaque cas ».
Par la voix de Vaovao Benjamin, membre de la HAT, le parti Arema fait part de son embarras devant l’interdiction déguisée d’un retour au pays pour le secrétaire national en exil. « Nous sommes étonnés, est-ce qu’il y a des gens qui mettent une peau de banane sous le pied de Andry Rrajoelina » pour lui dire qu’il ne faut pas que l’ancien Vice-premier ministre puisse revenir au pays tout de suite. Il soupçonne un piège tendu au président de la HAT : « on essaierait de lui faire peur et c’est la réalisation d’une promesse faite au peuple – le retour des exilés – est reportée ».
Vaovao Benjamin compare le cas des exilés avec celui des « prisonniers politiques », les premiers devraient pouvoir revenir au pays comme les seconds ont pu sortir de prison. Pour prouver la bonne foi du parti, il affirme que le retour de Pierrot Rajaonarivelo n’est pas une menace pour le régime de transition. « Le fait que moi, j’ai accepté de faire partie de la HAT, avec la bénédiction du secrétaire national du parti, signifie qu’on est prêt à aider le pouvoir », se justifie l’ancien sénateur.
Malheureusement pour l’Arema et Pierrot Rajaonarivelo, le premier ministre Monja Roindefo veut reprendre les choses en main. La sortie massive des prisonniers de droits communs qualifiés de politiques a terni l’image de son gouvernement. « Madagascar n’est pas une république bananière », dit-il aujourd’hui, en signifiant que le plus célèbre des exilés ne peut pas rentrer au pays comme il veut. Pierrot Rajaonarivelo risque en plus de faire de l’ombre à la jeune autorité de la transition.