lundi , 28 avril 2025
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Antananarivo s’est habituée à entendre les coups de feu et les bruits assourdissants des bombes lacrymogènes. La marche des femmes « légalistes » vers la Primature a été arrêtée avant d’arriver à destination.

Répression de manifestation : encore une journée meurtrière

L’interdiction officielle de toute manifestation politique n’a pas refroidi l’ardeur des femmes légalistes qui militent pour le retour à l’ordre constitutionnel. Parties faire une marche vers  Mahazoarivo, elles ont dû se contenter d’un sit-in à un kilomètre de la primature avant d’être dispersées. « Nous nous exprimons à cause de la tuerie qu’il existe en ce moment », se lamente Hanta Randriamandranto, SG du parti Teza. 

« On ne raisonne pas par le cœur, il est tout à fait possible de s’exprimer dans le calme… Nous sommes contre la tuerie et les arrestations » a déclaré le leader des femmes légalistes. Elle se demande quelle démocratie veut-on instaurer dans le pays. « Est- ce celle du plus fort, celle du peuple ou celle de la majorité » ?

La maladroite répression des manifestations légalistes continue à se faire à coup de kalachnikov. Malgré l’appel des meneurs du mouvement légaliste à Ambohijatovo pour ne pas insister à investir la place de la démocratie, quelques partisans du président Ravalomanana se sont attroupés aux alentours, vendredi matin. 

Ce n’est pas encore une foule mais un attroupement que les militaires ont pris le soin de disperser. Ces hommes en treillis ne sont pas équipés pour une mission de maintien de l’ordre, sauf quelques uns. Ils font des tirs au hasard, sans viser quelqu’un de particulier, faisant penser qu’il s’agit de balles en caoutchouc. Et non, il y avait aussi des tirs à balles réelles.

La kalachnikov que l’on voit manipulée comme un jouet est un formidable matériel de guerre.  Il a été une nouvelle fois prouvé que cette arme n’est pas appropriée pour une mission de maintien de l’ordre en plein cœur de la ville. Une femme commerçante à Ambohijatovo a trouvé la mort, atteinte à la tête par les balles des militaires. Encore du sang versé et du cerveau humain à ramasser. 

« Des militaires à bord d’une 4×4 de couleur gris-vert sont descendus de la rue en tirant des coups de feu. La victime a été abattue alors qu’elle fermait sa boutique », raconte un témoin. Il n’y a pas de doute, c’était une balle perdue mais quid de l’intention de tirer dans n’importe quelle direction avec des balles réelles. Une deuxième victime, un jeune homme de 24 ans, a été abattue à Anosy sous les balles qui auraient été tirées par des hommes en civil à bord d’une voiture 4×4.

Depuis que le gouvernement de la transition a décrété l’interdiction de toute manifestation politique dans le pays,  la répression est de plus en plus violente. Même les tirs en l’air ne sont plus en direction du ciel mais vers les manifestants. C’est presque un miracle qu’il n’y ait pas plus de victimes.