L’élection législative permettra à Andry Rajoelina de sonder la communauté internationale si cette dernière est susceptible de reconnaître une élection organisée par une seule mouvance. Pas question pour le chef de la transition de se mouiller en lançant les présidentielles. Les trois autres mouvances étant affaiblies et décapitées en raison de l’exil forcé de leurs dirigeants, le TGV et les Forces du changement ont une chance de transformer leur majorité virtuelle. Bizarrement, le premier ministre censé sortir de cette future majorité est qualifié par Andry Rajoelina comme étant celui du consensus.
Le véritable enjeu reste le changement de constitution pour la tailler à la mesure de Andry Rajoelina. L’assemblée constituante la votera puisque le référendum est toujours risqué. La majorité silencieuse pourrait s’exprimer contre les putschistes, mécontente de la crise et de ses effets. Un taux de participation trop faible mettrait en cause la reconnaissance du vote et la légitimité des autorités de fait. Ce qui est évident, c’est que le président de la HAT cherche toujours à légitimer et à légaliser son pouvoir acquis de manière extraconstitutionnelle.
Le nouveau schéma unilatéral annoncé par Andry Rajoelina risque d’être boycotté par les trois autres mouvances et le Groupe international de contact. Le jeune président de fait a pris le soin de demander la trêve politique en raison des fêtes avant de passer à l’attaque, prenant tout le monde au dépourvu. Comme il avait refusé la proposition du président Ravalomanana pour savoir si les citoyens voulaient qu’il reste au pouvoir ou non, Andry Rajoelina doit s’attendre au refus de la légitimité de cette future assemblée constituante de sa mouvance.
Le membre de la HAT Désiré Ramakavelo est persuadé que la communauté internationale va accepter cette assemblée constituante. « Quand on redonne le pouvoir au peuple, une non reconnaissance signifie que l’on n’aime pas le peuple malgache ou on veut le détruire », dit-il. La réaction des autres mouvances sont modérées, ne voulant pas donner trop d’importance à une énième décision de Andry Rajoelina qui sort du schéma de la transition consensuelle et inclusive. Officiellement, il y a la trêve politique à Madagascar et la médiation du Groupe international de contact ne devrait reprendre qu’au début de l’année.
Dans la mouvance Zafy, les voix se lèvent contre cette violation flagrante des accords de Maputo. « Andry Rajoelina veut diriger seul le pays peu importe les conséquences », dénonce un proche du professeur qui espérait accueillir la délégation exilée à l’Aéroport d’Ivato. Pour lui, « cet unilatéralisme conduit le pays dans le chaos ». Il regrette « l’immaturité » du président de la HAT qui fait des « discours pleins de ruses ». Pour Victor Hong, de la mouvance Ratsiraka, Andry Rajoelina ne peut parler en tant que président de la transition s’il s’écarte du schéma de Maputo. Il minimise l’importance de cet « avis personnel » à propos de l’organisation d’une élection législative.