samedi , 26 avril 2025
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La première des quatre cérémonies de présentation de vœux à Iavoloha a rappelé que Madagascar est toujours en pleine crise politico-institutionnelle. Entre un président de la transition qui fait déjà campagne et pense comme acquise la feuille de route et deux autres chefs d’institutions qui plaident pour l’application à la lettre de ce qui a été convenu et l’apaisement, il y a un fossé. Tous s’accordent toutefois à dire que des élections libres et transparentes devront avoir lieu en 2012.

Vœux à Iavoloha : feuille de route et élections

Andry Rajoelina a été d’attaque et n’a pas tenu le discours d’apaisement attendu. Devait-il répondre aux deux autres chefs d’institution qui ne lui font pas allégeance. Il a beaucoup utilisé la métaphore du vent. « Un nouveau vent souffle actuellement dans le pays, il y a déjà une inclusivité dans le pouvoir » ; « il y a des vents qui font du bien et d’autres qui apportent des ravages »… Le président de la transition a comparé le président en exil Marc Ravalomanana a un vent menaçant qu’il va empêcher de revenir souffler sur le pays.

Feuille de route non appliquée

Sur la question de la feuille de route, Andry Rajoelina persiste à avancer unilatéralement et fustige ceux qui s’opposent à sa marche en avant. « Quand on a choisi son cœur, il faut suivre le battement, que l’on n’arrête de faire un pas en avant et en arrière comme les lâches ». En tout cas, le premier ministre Beriziky a eu le courage de rappeler qu’il faut « une application coûte que coûte de la feuille de route ».

Pour le président du Congrès, il faut libérer les prisonniers politiques et rapatrier les exilés. Mamy Rakotoarivelo réclame l’application de la feuille de route dans son ensemble, en particulier les articles qui stipulent la libération des prisonniers politiques, l’arrêt des poursuites judiciaires et le retour sans condition des exilés. « Ce qui a été accepté de bon cœur doit être appliqué », a-t-il martelé. Vu les réactions opposées dans l’assistance à l’évocation du sujet, le retour au pays du président en exil Marc Ravalomanana est le point sensible de l’application de la feuille de route.

Mamy Rakotoarivelo a réitéré la volonté palpable pour la tenue des élections en 2012. Le premier ministre Beriziky estime quant à lui que des élections libres pourraient rétablir l’Etat de droit et apporter l’apaisement politique. Il a souligné la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante selon une nouvelle formule, du comité de réconciliation nationale, du conseil économique, social et culturel. Ces entités officieront en faveur de la transition démocratique.

Le prétendu champion des élections

Andry Rajoelina est déjà en campagne pour des élections dont il s’adjuge par avance les mérites et continue à justifier le coup d’Etat de 2009. « Une élection vraiment libre et transparente, tel est le réel changement, car il n’y aura plus d’opposition politique dans la rue… Quand les politiciens sont conscients qu’ils ne peuvent pas avoir le pouvoir par les élections, c’est ce qui se passe ».

Andry Rajoelina accuse les anciens régimes de fraudes : « avant, c’est l’Etat qui a organisé les élections, et qui achemine les bulletins de vote, il y a de nombreux candidats dont les bulletins n’arrivent pas au bureau de vote », dit-il, oubliant de préciser que les candidats ne livraient pas à temps ou n’imprimaient pas au nombre suffisant leurs bulletins de vote.

« Le changement qu’on a déjà posé est l’utilisation du bulletin unique, dit celui qui a gagné son référendum personnel de 2010. C’est l’égalité des chances pour tous ». Le chef des TGV rappelle avec fierté sa seule gloire électorale. « J’ai été élu maire à 63% sans voler une seule voix ». Ce qui ne l’aura pas empêché de se proclamer chef d’Etat et de piétiner le choix de millions d’électeurs.