Le tabac tue lentement et les fumeurs ne sont pas pressés. C’est une boutade habituelle chez les adeptes de la cigarette. En 2005, Madagascar a ratifié une convention internationale sur la lutte contre le tabagisme. L’interdiction des publicités sur les cigarettes sont respectées. Par contre, l’application de l’interdiction de fumer dans certains lieux publics est ignorée. « Nous allons renforcer le rappel par voie d’affichage de cette interdiction », a déclaré le ministre de la Santé, Pascal Rajaonarison.
Madagascar a célébré la journée mondiale de lutte contre le tabagisme avec comme slogan « protéger la santé publique contre la pandémie de la cigarette ». Les autorités sanitaires suivent l’OMS dans une campagne de lutte contre les maladies non transmissible. « Il y a aura une sensibilisation sur l’effet du tabagisme passif qui est très nocif pour la santé ». L’engagement dans la lutte contre le tabagisme a eu moins d’impact depuis la crise de 2009. Les messages très durs pour prévenir et dissuader ont disparu.
Parmi les engagements avec l’OMS, la forte taxation des cigarettes a eu un effet pervers. Cette mesure encourage le gouvernement à protéger l’industrie de tabac. Les cigarettes sont taxées à plus de 50%. Quand on sait que l’industrie malgache en fabrique plus de 3,5 milliards de tiges à 100 ariary l’unité, l’Etat y fait une bonne affaire. Le recul de la prévention est illustré par l’existence de jeunes fumeurs. Le constat d’une ONG œuvrant dans la lutte contre le tabagisme est inquiétant. 20% des adolescents de 11 à 15 % fument. 12% de cette tranche d’âge risquent de commencer à fumer d’ici un an. Dans les campagnes, le tabac à chiquer crée de l’accoutumance chez les jeunes adolescents.
L’industrie du tabac à Madagascar est contrôlée par le groupe Imperial Tobacco et ses filiales Soctam, la Sitam, Sacimem et Promodim. Elle mise depuis l’année 2002 sur le marché local après une forte chute de l’exportation passé de 80 à 6 tonnes entre les années 2000 et 2002. Dans les 5 zones de cultures, 4 200 ha sont dédiés à la plantation de tabac, faisant vivre environ 30 000 planteurs familiaux, 5000 planteurs salariés et des milliers de saisonniers. La production nationale est estimée à 3 800 tonnes métrique. Arès la transformation, les 3,5 milliards de tiges produites par l’industrie du tabac correspond à peu près à la consommation nationale.
Le tabac est une filière très lucrative pour l’Etat. Il produit 150 milliards d’ariary de recettes fiscale. L’Office malgache du tabac (Ofmata) régit la filière en tant qu’établissement public à caractère industriel et commercial (Epic). Elle a surtout affaire avec les planteurs familiaux. La lutte contre le tabagisme risque d’avoir un impact socioéconomique important. Les usines de tabac n’emploient que quelques centaines de personnes mais des dizaines de milliers de familles et de saisonniers travaillent dans les plantations. Au mieux, on peut s’attendre à ce que l’Etat limite la consommation nationale à 3 milliards de tiges vu que la culture de tabac n’est qu’à 60% de son potentiel.