Les entités politiques ont réagi différemment, en fonction de leur degré de satisfaction ou de déception suite à la décision de la HCC de rejeter la motion de déchéance du président Hery Rajaonarimampianina. Si le projet de pacte de stabilité avait fuité, la présidence de la République dément en être à l’origine, un revirement toute logique après sa victoire. Plus la peine de négocier avec les opposants.
Hery Rajaonarimampianina a fait un discours à la nation plus que léger, essayant de faire profil bas. « On peut tirer une leçon de cet épisode, on va chercher ce qu’il y a à corriger », a-t-il déclaré. On s’attendait à ce qu’il reconnaisse certaines erreurs après la circulation d’un projet de pacte de responsabilité ayant pour but de garantir la stabilité politique. Le président a plutôt appelé le peuple malgache à « considérer l’intérêt de la nation, à se donner la main pour renforcer l’unité et à faire taire l’égoïsme ».
Le chef de l’Etat a encore lancé des piques aux politiciens et affirme vouloir rétablir l’ordre. « Je prends en tant que président de la République la responsabilité de réformer la pratique politique », prévient le président, évoquant la nécessité de mettre fin à « une culture de la destruction ». « Les politiciens passent, mais la nation reste », a-t-il conclu
Dans les rangs des députés et du bureau permanent de l’Assemblée nationale, c’est la résignation. La décision de la HCC est acceptée, mais elle en même temps critiquée, voire dénoncée. « Cette décision ne correspond pas du tout aux accusations formulées par les députés, elle n’est pas conforme à la Constitution, dénonce Jean-Jacques Rabenirina. C’est une décision politique ». Pour l’opposante Lalatiana Ravololomanana, la position de la HCC n’est pas étonnante, car « cette juridiction est la voix de son maître ». Elle martèle que les lois et la Constitution ont été bafouées.
Pour les avocats des députés, c’est le principe de droit qui a été piétiné. « La HCC a statué au-delà de ce qu’il faut, c’est une décision qui outrepasse la Constitution », a protesté Me Maromanana Aliarivelo. Il estime que le rejet de la requête méritait plus de justification en se basant uniquement sur les textes. « Un juriste de n’importe quel pays sera étonné de constater une telle décision publiée pour une affaire d’une aussi grande importance », s’insurge le jeune avocat.
Il rapporte que selon la HCC, le président de la République avait une obligation de moyen mais non de résultat pour ce qui est de la mise en place de la Haute Cour de Justice, et qu’il faut continuer la désignation des membres. « C’est honteux de dire cela », a-t-il martelé. Me Maromanana Aliarivelo de philosopher : « quand la politique est dans le prétoire, le droit n’y a plus sa place ».
L’Alliance Ambodivona, ARMADA, a anticipé la décision de la HCC. Elle a déclaré que seule une élection présidentielle anticipée peut régler la crise politique actuelle. Avant que la HCC ne recommande la signature d’un pacte de responsabilité, le projet de texte a fuité. Le président y aurait fait une sorte de mea culpa et aurait proposé de revenir au point de départ de son mandat. On y parle de plusieurs scénarios sur la distribution des rôles, à la tête du gouvernement et du parlement, le partage des portefeuilles ministériels en fonction des nombres de députés élus de chaque formation.
Selon ce pacte, les députés reviennent dans leur parti ou restent indépendants. Donc pas de députés transfuges au HVM. Après sa victoire inespérée donnée par la HCC, la présidence nie avoir été à l’origine de ce pacte. Si la HCC en parle dans sa décision, ce serait donc une pure coïncidence. La crise n’est pas finie puisque les députés se penchent déjà sur une motion de censure du gouvernement.
A. Herizo