vendredi , 29 mars 2024
enfrit
La logique aurait été respectée, mais il y a eu une vraie bataille pour la fonction de président de l’Assemblée nationale. La victoire de Christine Razanamahasoa, la candidate du Mapar, était attendue puisque la coalition formée avec les indépendants regroupés au sein du GPS atteint la majorité absolue.

Christiane Razanamahasoa et le MAPAR veulent contrôler l’exécutif

Christiane Razanamahasoa a gagné l’élection du président de l’Assemblée nationale par 77 voix contre 69. Parmi les 147 députés votants, il n’y avait qu’un vote blanc. Sur le plan mathématique, cette victoire était assurée puisque les 49 parlementaires du MAPAR, la coalition du « Président » Andry Rajoelina, ont pu compter sur les 26 députés du Groupe parlementaire spécial formés d’indépendants recrutés non sans une certaine pression.

Argent ou menace de disqualification par la Cour électorale ? L’ancien président de la Transition avait nié en bloc, affirmant qu’il n’a fait qu’utiliser la persuasion. Et son pouvoir bien entendu, allant au-delà de son obligation de neutralité puisqu’il n’avait pas démissionné en tant que chef d’institution. L’élection de madame Razanamahasoa, militante des premières heures lors du coup d’Etat miltaro-civil de 2009 donne un peu de légitimité à la force politique issue de la Transition et qui voulait maitriser le pays et les institutions, l’Assemblée, le gouvernement et même la présidence, avec un tiers des députés.

Une dame au perchoir de l’Assemblée nationale

C’est une première. « A l’époque de l’égalité des genres, il est juste que ce soit une femme qui occupe cette fonction » avait déclaré Christine Razanamahasoa. A 62 ans, la magistrate de carrière est mère de 4 enfants et grand-mère de 5 petits-enfants. Elle était une championne de natation dans les années 1970. On la connaît comme étant l’immuable ministre de la Justice de 2009 à 2013 dont les principaux faits d’armes étaient de sévir les opposants au régime de transition et d’empêcher le retour au pays du président renversé. Son élection serait d’ailleurs motivée par les prochaines batailles pour la loi d’amnistie.

A l’issue de son élection, Christine Razanamahasoa en disait un peu plus sur son « programme ». Elle veut redorer le blason de l’Assemblée nationale. « Le pouvoir que la Constitution nous attribue exige que nous le méritions », a-t-elle déclaré à ses pairs. La présidente de la Chambre basse mobilise la troupe pour « contrôler le pouvoir exécutif », signe que le Mapar n’a pas le contrôle de la présidence et se méfie du prochain gouvernement qu’il pourrait diriger.

Cohabiter et contrôler l’exécutif

Razanamahasoa prône le suivi de l’application des lois votées, le contrôle des dépenses publiques, le suivi du programme de développement et de tous les services publics. « Les députés auront une réelle importance, car le pouvoir législatif sera bien distinct et sera préservé des autres pouvoirs », a-t-elle déclaré. « Nous n’allons pas nous contenter de voter les projets de loi du gouvernement, nous allons faire des propositions de loi… Les propositions et les projets seront équilibrés ».

La présidente de l’Assemblée nationale promet le triomphe de la Constitution de la république dans le palais de la démocratie. Elle prône le respect de l’opposition. Mais laquelle ? Le schéma de l’élection du président de la Chambre basse a fait état d’une alliance pour l’ancien président de la Transition Andry Rajoelina et prétendant au poste de premier ministre, d’un côté, une coalition pour la majorité présidentielle en faveur de Hery Rajaonarimampianina qui espérait récolter 75 voix, d’un autre côté. On entre dans la logique d’une cohabitation.