vendredi , 29 mars 2024
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Pressée de toute part, la SADC vient de se manifester à propos de la résolution de la crise malgache. C’est par le biais de son Bureau de liaison à Antananarivo que l’organisation régionale a réagi sans pourtant rapporter une quelconque avancée dans le processus. Un appel à été lancé à l’égard des parties prenantes malgaches à appliquer en entier la feuille de route, dans sa lettre et dans son esprit. Un timide rappel à l’ordre à l’endroit du régime HAT qui manipule cet accord fort mal ficelé pour légitimer leur pouvoir, avant et après une élection pseudo-démocratique.

Crise malgache, la SADC se sent toujours concernée

La SADC s’occupe-t-elle encore de la crise malgache ? La réponse est oui. La communauté économique de l’Afrique Australe « demeure saisie par la nécessité critique de trouver une solution durable à la crise politique à Madagascar ». Et pourtant, elle est toujours dans l’incapacité à trouver une solution pour débloquer la situation. Le Bureau de liaison de la SADC s’en remet une nouvelle fois aux parties prenantes malgaches et les pousse à « mettre en œuvre en totalité la feuille de route » et « donner le respect nécessaire à sa lettre et à son esprit ».
 
C’est une réponse assez timide aux déclarations du chef de la HAT qui a revendiqué la feuille de route comme seule voie de sortie de crise tout en l’appliquant avec parcimonie, pour le tourner à son avantage au détriment des autres mouvances. Andry Rajoelina a en effet clamé, lors de ses récentes sorties dans le cadre de sa campagne électorale avant l’heure, que toutes les conditions annoncées dans la feuille de route sont remplies pour que l’on organise sans attendre les élections. Il a notamment cité la présence des autres mouvances dans les institutions de la transition et la mise en place de la Commission électorale de la transition ou CENIT
 
Ce qui n’est pas de l’avis de la SADC. Si le refus de la HAT à appliquer l’article 16 de la feuille de route, sur le retour sans condition des exilés, est le blocage principal, le Bureau de liaison généralise le problème et appelle à ce que « les mesures de confiance et la réconciliation nationale, comme indiquées dans la Feuille de route, soient appliquées et respectées ».

La représentation à Antananarivo avoue à demi-mot son scepticisme concernant la conformité du fonctionnement des institutions de la transition par rapport à la feuille de route, que ce soit dans le texte ou dans l’esprit. Elle rappelle « le rôle critique » de ces institutions dans la sortie de crise. Le bureau de la SADC parle notamment de « la neutralité qu’on attend d’elles, spécialement dans le processus et en période électorale ». Il ne peut que réagir face à l’omniprésence du chef de la HAT et de sa mouvance sur les chaînes audiovisuelles nationales et la restriction de la liberté d’expression et d’opinion. La SADC souhaite que toutes les parties et mouvances aient un accès égal aux médias publics.
 
Depuis le sommet de la SADC au mois d’août 2012, aucune avancée n’a été constatée dans la résolution de la crise malgache. Les rencontres des médiateurs avec les deux principaux protagonistes, le président en exil Marc Ravalomanana et celui qui l’a renversé par un coup d’Etat en 2009, Andry Rajoelina n’ont rien apporté de décisif. La mouvance Rajoelina éclatée réclame le retour à une médiation malgacho-malgache mais le Bureau de liaison confirme que les dirigeants de la SADC sont engagés pour l’application et la mise en oeuvre complète de la feuille de route.
 
La communauté internationale s’impatiente de la sortie de crise et attend beaucoup de l’organisation régionale. Même la France, par la voie de l’ambassadeur Belliard qui vient de quitter Madagascar après un séjour de 3 mois, est prête à suivre ce que la SADC décidera. La Troïka peut-elle trancher une bonne fois pour toutes et joue le rôle d’arbitrage que les parties prenantes malgaches attendent d’elle. La feuille de route telle qu’elle est sera toujours interprétée et manipulée si l’institution de la SADC n’arrive pas imposer et la lettre et l’esprit de l’accord politique devenu force de loi.