jeudi , 25 avril 2024
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Le phénomène de l’insécurité dans le pays est-il un problème social ou politique. Les forces de l’ordre ont du mal à faire rétablir l’ordre public et se cachent derrière de grands discours sur une prétendue manœuvre de déstabilisation. L’incapacité de l’armée à défendre les citoyens et leur bien est avérée. L’auto-défense villageoise signifie la disparition des forces et de la justice dans des zones de non-loi.

Dahalo : l’armée et le pouvoir se sentent déstabilisés

Décapiter ou couper un bras, c’est devenu un geste banal dans le sud de Madagascar. Les villageois ont pris comme des trophées les bras de 8 dahalo. L’image de dizaines de corps sans vie de ses criminels hante encore les malgaches. Cela a peut-être le mérite de donner du courage aux commandements de l’armée qui ont abandonné leurs hommes dans ces contrées où le vol et le crime bafouent la loi.

« Ce n’est plus un problème de dahalo, c’est la société qui est pourrie », confie le ministre de la Défense. Le général Rakotoharimasy souligne le nombre important des voleurs de zébus dans une attaque et parle de bandes organisées. « Ce n’est plus un sport comme c’était le cas dans les anciennes traditions », dit-il, rappelant que les dahalo actuels viennent pour tuer.

Le ministre émet trois hypothèses sur ce qui se cache derrière ce phénomène d’insécurité. « Est-ce de la déstabilisation, est-ce pour vendre des zébus dans le cadre d’un blanchiment d’argent, il se pourrait- qu’il y ait une raison politique », a-t-il lancé.

Le Secrétaire d’Etat à la gendarmerie tempère. « Il est facile de dire qu’il y a quelqu’un de haut placé derrière ces phénomènes, mais il est très difficile de le prouver, a déclaré le général Randrianazary. On ne peut pas arrêter quelqu’un comme cela, à partir des suppositions ».

Le ministre de la Défense a insisté que la lutte contre les dahalo n’est plus un discours autour d’une table, alors que le seul coup d’éclat de l’armée n’a lieu que lors des conférences de presse sur l’insécurité. L’ordre a été donné aux commandements de l’armée, de la gendarmerie et de la police nationale de mettre fin à ce phénomène et ceux-ci sont déjà présents sur le terrain.  

Que pourraient faire 4 gendarmes face à 200 hommes armés de kalachnikov, de fusil de chasse, de lance, de hache ou autres armes blanches ? L’infériorité est numérique, militaire et psychologique. 50 hommes de plus pourront-ils changer la donne à Betroka ?

Au moins, les 30 autres dépêchés de Taolagnaro pour Ranomafana pourront aider les habitants des villages qui ont résisté aux dahalo en faisant une centaine de victimes parmi les assaillants. Le ministre de la Défense n’aura plus à mettre en doute la légitime défense dans l’auto-défense villageoise lors d’une probable attaque de vengeance.

Pour le membre du CST et conseiller du président de la Transition, Jean de Dieu Maharante, il est clair que les attaques de dahalo sont « une manoeuvre de déstabilisation ». « Le but est qu’il n’y ait pas de présence de l’Etat sur une vaste zone… », dénonce-t-il.

Comme solution, l’ancien ministre de l’Elevage durant l’actuelle transition suggère l’installation d’un poste avancé de la gendarmerie près des endroits où passent les zébus volés. Ce qui est totalement irréaliste, car cela signifie envoyer à la mort une poignée d’hommes face à une armée de dahalo.

L’armée proche de la HAT utilise bien la légitime violence contre les manifestations de l’opposition motivée par son devoir qui est de « protéger les citoyens et leurs biens ». Le maitre de la répression, le général Richard Ravalomanana, s’est bien vanté de sa prétendue capacité à mettre fin aux phénomènes de vols de zébus qui sévit depuis 6 mois. Pour le moment, le supposé expert dans la lutte contre les dahalo, le général Manakay est en échec total.

Le gouvernement s’est mobilisé en allouant un budget pour financer la lutte contre les dahalo. Quant au président de la HAT et chef supposé des armées, soit, il ne se sent pas encore assez concerné, soit il est totalement dépassé par les évènements.