jeudi , 25 avril 2024
enfrit
Le ministre de la défense de Didier Ratsiraka vient de quitter le gouvernement, le groupement des entreprises de Madagascar se prononce en faveur de Marc Ravalomanana, mais Didier Ratsiraka continue de se considérer Président.

Des coups durs pour l’Amiral Ratsiraka

Si Marc Ravalomanana semble de plus en
plus revigoré dans le bras de fer politique qui l’oppose au
président sortant Didier Ratsiraka, ce dernier continue à
essuyer des coups durs. La démission du général
Marcel Ranjeva, ministre de la défense du gouvernement
Ratsiraka, a été confirmée samedi, alors que le
ministre de Ravalomanana, le général Mamizara Jules a
commencé à occuper le bureau du ministère de la
défense la veille. Le départ du général
Ranjeva constitue, pour le camp de Ravalomanana, une grande victoire,
bien que ce ministre ait été sitôt remplacé
par Didier Ratsiraka. Ce dernier a nommé ministre de la
défense le général Bory Jean Paul, jusqu’alors
Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie. Il s’agit malgré
tout d’un nouveau point pour le gouvernement Ravalomanana, d’autant
que Marcel Ranjeva est issu d’une famille qui entretenait une étroite
relation avec Didier Ratsiraka. Le ministre Ranjeva a expliqué
sa démission par «la division de l’armée »
face à la crise politique actuelle.





Gouvernement fantôme





Dans une lettre qu’il a adressée
à ses «frères d’armes », afin de marquer
son départ du ministère de la défense, le
général Ranjeva a exhorté aux forces de l’ordre
de ne pas accepter de devenir des «bouchers » pour le
peuple malgache. Laissant transparaître qu’il a reçu
l’ordre de tirer sur la foule mais qu’il a refusé. Celle de
Marcel Ranjeva est ainsi la troisième démission dans le
gouvernement de Didier Ratsiraka depuis le début de la crise
actuelle, un gouvernement que les observateurs qualifient aujourd’hui
de «gouvernement fantôme ». Du côté du
pouvoir législatif, le parti AREMA de l’amiral Ratsiraka, par
ailleurs, a vu deux vice-présidents de l’Assemblée
nationale basculer dans le camp de Marc Ravalomanana. Une soixantaine
de députés (sur 150) est déjà entièrement
acquise à la cause du nouveau président malgache
actuellement selon les députés qui ont soutenu le
mouvement populaire initié par Ravalomanana.





Crime contre l’humanité





Sur le terrain économique, en
outre, le Groupement des entreprises de Madagascar (GEM) vient de se
prononcer en faveur du gouvernement de Marc Ravalomanana, le
reconnaissant comme étant l’autorité capable de
remettre sur les rails les activités économiques et
sociales du pays. Un véritable pied de nez à Didier
Ratsiraka qui continue de tenir, dans des circonstances floues, des
conseils des ministres, et de prendre en même temps des
décisions qui ne sont jamais appliquées. Sur le plan
diplomatique, enfin, l’amiral Ratsiraka, ainsi que ses proches
partisans, sont soupçonnés par l’ancienne ministre des
affaires étrangères, Lila Ratsifandrihamanana, de
tentative de crime contre l’humanité et de génocide à
l’endroit des habitants de la province d’Antananarivo. Cette
accusation fait suite aux conséquences des barrages établis
par les partisans de Didier Ratsiraka sur les routes nationales afin
de couper l’approvisionnement de la capitale et de ses environs en
carburants. Des sources officielles ont effectivement fait savoir,
que des médicaments seraient également bloqués
dans la région Est du pays à cause de ces barrages
alors que les pénuries commencent à se faire sentir
dans les hôpitaux. Au cours d’un déplacement à
l’étranger, Lila Ratsifandrihamanana a tenu à faire
savoir sa position face aux agissements de son ancien patron, Didier
Ratsiraka, et de ses collaborateurs. L’opinion publique demande
aujourd’hui, à travers la presse notamment, à ce qu’ils
soient traduits devant la Justice pour ces agissements qui frisent
les actes de banditisme.